EN GUERRE VIVANT ANGOISSE IM-MONDE SEXES OBJET

bibliographie

 

BIBLIOGRAPHIE DU CONGRÈS 2023 DE LA NLS

 MALAISE ET ANGOISSE DANS LA CLINIQUE ET DANS LA CIVILISATION 


NLS CONGRESS BIBLIOGRAPHY

        DISCONTENT AND ANXIETY IN THE CLINIC AND IN CIVILISATION

 

Rubriques – Rubrics :

I- Le nouage angoisse – corps

I- The anxiety - body knot

 

II- Le nouage angoisse – pulsion-jouissance

II- The knotting anxiety - drive - jouissance

 

III- Objet a au zénith et angoisse 

III- Object a at the zenith and anxiety

 

IV- Monde / im-monde

IV- World / W(a)ste

 

V- Du malaise au symptôme, via l’angoisse

V- From discontent to symptom, via anxiety

 

VI- Phobies :  sociale, scolaire…

VI- Phobias : social, academic

 

VII-Sortir de l’angoisse : de l’angoisse au symptôme, de la jouissance au désir

VII- Getting out of anxiety : from anxiety to the symptom, from jouissance to desire

 

I- Le nouage angoisse – corps

Daniel Roy : « Ce qu’il y a de frappant, c’est que, à ce malaise, le corps contribue… » (Argument du congrès)

 

I - The anxiety - body knot

Daniel Roy: "What is striking is that the body contributes to this discontent…” (Congress argument)

 

 

 

S. FREUD

Le mot angoisse (du latin angustiae, étroitesse ; Angst en allemand) fait précisément ressortir la gêne, l'étroitesse de la respiration qui existait alors comme effet de la situation réelle et qui se reproduit aujourd'hui régulièrement dans l'état affectif.

Freud, S. : « L’angoisse » (1917), Conférence 25, Introduction à la psychanalyse, Paris, Payot, PBP, 1983, p. 374.

The name ‘Angst’- ‘angustiae’, ‘Enge’ - emphasizes the characteristic of restriction in breathing which was then present as a consequence of the real situation and is now almost invariably reinstated in the affect. 

Freud S.: « Anxiety », Introductory Lectures on Psychoanalysis, Standard Edition, Volume XVI, The Hogarth Press, London, 1966, p. 396-397.

 

[...] l’angoisse de castration est un des moteurs les plus fréquents et les plus forts du refoulement et, par la même, de la formation des névroses. […] À sa place, survient chez l’autre sexe, l’angoisse de la perte d’amour, qui est visiblement un prolongement de l’angoisse du nourrisson quand sa mère lui manque.

Freud, S. : « Angoisse et vie pulsionnelle » (1933), Conférence 32, Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, Paris, Gallimard, p. 119.

We must hold fast to the view that fear of castration is one of the commonest and strongest motives for repression and thus for the formation of neurosis. […] lts place is taken in their sex by a fear of loss of love, which is evidently a later prolongation of the infant’s anxiety if it finds the mother absent. 

Freud S.: « Anxiety and instinctual life », New Introductory Lectures on Psychoanalysis and Other Works, Standard Edition, Volume XXII, The Hogarth Press, London, 1966, p.87.

 

 

J. LACAN

Le corps est à comprendre au naturel comme dénoué de ce réel qui, pour y ex-sister au titre de faire sa jouissance, ne lui reste pas moins opaque.

Lacan J. : « La Troisième », Paris, Navarin, 2021, p. 26  

Taken just as it is, the body is to be understood as unknotted to this real that does not remain for it any the less opaque in ex-sisting there by virtue of constituting its jouissance.

Lacan J.: « The Third, The Lacanian Review, Issue 7, 2019, p. 95.

 

C’est quand même du malaise que quelque part, Freud, note comme le malaise dans la civilisation, que procède toute notre expérience. Ce qu’il y a de frappant, c’est que, à ce malaise [dans la civilisation], le corps contribue [...]. De quoi avons-nous peur ? – de notre corps [...]. L’angoisse [...] se situe ailleurs que la peur dans notre corps. C’est le sentiment qui surgit de ce soupçon qui nous vient de nous réduire à notre corps.

Lacan J. : « La Troisième », Paris, Navarin, 2021, p. 40.

All our experience is based on the malaise that Freud somewhere refers to as the discontents of civilization. What is striking is that the body contributes to this discontent [...] What are we afraid of? Of our body. [...] It is the feeling that arises from the presentiment that we are being reduced to our body.

Lacan J.: « The Third, The Lacanian Review, Issue 7, 2019, p. 104

 

Ne savez-vous pas que ce n’est pas la nostalgie du sein maternel qui engendre l’angoisse, mais son imminence ? Ce qui provoque l’angoisse, c’est tout ce qui nous annonce, nous permet d’entrevoir, qu’on va rentrer dans le giron.

Lacan J. : Le Séminaire, Livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 67.    

Don't you know that it's not longing for the maternal breast that provokes anxiety, but its immanence ? What provokes anxiety is everything that announces to us, that lets us glimpse, that we're going to be taken back onto the lap.

Lacan J.: The Seminar of Jacques Lacan, Book X, Anxiety, transl. A.R. Price, UK & USA, Polity, 2019, p. 53.

 

L’angoisse, vous ai-je dit, est liée à ceci, que je ne sais pas quel objet a je suis pour le désir de l’Autre, mais ceci ne vaut en fin de compte qu’au niveau scopique.

Lacan J. : Le Séminaire, Livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p.376.

I told you that anxiety is bound to the fact that I don't know which object a I am for the desire of the Other, but at the end of the day this is only valid at the scopic level.

Lacan J.: The Seminar of Jacques Lacan, Book X, Anxiety, transl. A.R. Price, UK & USA, Polity, 2019, p.325.

 

J.-A. MILLER

Pour Lacan – c’est l’antienne –, l’image du corps est le modèle de l’image du monde. Mais l’accent que place la perspective borroméenne est distinct. Le corps fonctionne tout seul, sans que nous ayons le moindre enseignement sur ce fonctionnement. Tout ce que Lacan formule sur le corps vise à le constituer comme une entité isolée. C’est pourquoi l’argumentation se tisse autour de cette phrase centrale : « Le corps nous est étranger ».

Miller J.-A. : « Pièces détachées », La Cause freudienne, N° 61, p. 145

For Lacan - this is the antiphony - the image of the body is the model of the image of the world. But the accent that is given by the Borromean perspective is quite distinct. The body functions on its own, without us having the least information about its functioning. Everything that Lacan formulates about the body aims to constitute it as an isolated entity. This is why the argumentation is woven around the pivotal sentence: "The body is foreign to us".

Miller J.-A.: "Spare Parts", translated by A. R. Price, The Psychoanalytical Notebooks, 27, 2013, pp. 106-107.

 

[…] ce dont il s’agit dans petit a, c’est-à-dire la jouissance, apparaît dans le régime de l’exception. Ce que montre et démontre ce Séminaire [L’angoisse], c’est que, dans la structure du langage, il y a quelque chose qui ne peut pas être réduit au signifiant, qui est donc assimilé, grossièrement, au corps comme vivant.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire de L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 58 p. 78

[...] what is at stake in petit a, that is to say jouissance, appears in the regime of the exception. What this Seminar [Anxiety] shows and demonstrates is that, in the structure of language, there is something that cannot be reduced to the signifier, which is thus assimilated, roughly speaking, to the body as living.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 26, Fall 2005, p. 33.

 

L’angoisse résonne […] comme un « fini de jouer » avec le signifiant, parce qu’il y a une affinité entre le jeu et le signifiant, quand le signifiant est partout et toujours substituable au manque. On assiste ici au contraire à l’élaboration d’une nouvelle structure du manque, une structure non signifiante du manque, qui passe par la topologie, et qui libère un statut inédit du corps.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire de L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 58, p. 74.

Anxiety resonates [...] as an 'end of playing' with the signifier, because there is an affinity between the play and the signifier, when the signifier is everywhere and always substitutable for lack. Here, on the contrary, we witness the elaboration of a new structure of lack, a non-signifying structure of lack, which passes through topology, and which liberates a novel status of the body.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 26, Fall 2005, p. 27. (Translation modified)

 

Lacan est là sur ce bord où il faut bien un corps à la jouissance, mais il ne lui trouve qu’un corps de signifiant que lui donne le phallus. C’est dans le Séminaire de L’angoisse que la jouissance se libère du carcan signifiant de sa prison phallique et que s’y démontre, au contraire, que ce sont les objets petit aqui donnent corps à la jouissance.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire de L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 58, p. 82. 

Lacan is precise about needing a body for jouissance, but he finds only a signifying body which gives him the phallus. In the Seminar on Anxiety, jouissance is liberated from the signifying straitjacket of its phallic prison and demonstrates, on the contrary, that the objects petit a give body to jouissance.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 26, Fall 2005, p. 39. (Translation modified)

 

C’est ce que Lacan essaie d’animer sous les espèces des organes, des corps de jouissance qui ne sont pas signifiants. Il l’illustre parfois d’une façon sommaire comme le morceau de corps – il peut faire allusion à la « livre de chair », que Shakespeare amène au détour de ses pièces. En fait, il s’agit de bouts de réel qui se trouvent pour la première fois illustrés de façon imaginaire, de façon matérielle, et qui seulement plus tard trouveront leur statut de consistance logique. 

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire de L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 58, p. 83.

This is what Lacan tries to animate under the species of organs, bodies of jouissance that are not signifiers. He sometimes illustrates this in a summary way as the piece of body - he alludes to the "pound of flesh" that Shakespeare mentions in his plays. In fact, it's a matter of bits of the real which are found for the first time illustrated in an imaginary, material fashion, and which only later will find their status of logical consistency. 

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 26, Fall 2005, p. 39. (Translation modified)

 

E. LAURENT

Si seul le corps – et non plus le discours rêvé universel – donne sa consistance au parlêtre, l’extraction de l’objet a se fera toujours plus pressante pour pallier les effets du déchaînement de la pulsion de mort.

Laurent É. : « Nouvelles érotiques du divin », La Cause freudienne, N° 72, p.58.

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II-Le nouage angoisse - pulsion – jouissance

Daniel Roy : « [Lacan] considère l’angoisse comme signe de la présence de ce réel d’une jouissance » (Argument du congrès).

 

II - The knotting anxiety - drive - jouissance

Daniel Roy: "[Lacan] considers anxiety to be a sign of the presence of this real of a jouissance" (Congress argument)

 

S. FREUD

[...] la névrose d'angoisse, comme l'hystérie, est une névrose due à une excitation endiguée, ce qui explique la similitude des deux maladies. L'angoisse ne se manifestant nullement dans ce qui a été accumulé, on peut exprimer cet état de choses en disant qu'elle découle d'une transformation de la tension accumulée.

Freud, S. : « Manuscrit E » (1894), La naissance de la psychanalyse, Paris, PUF, p. 82.

Thus anxiety neurosis is a neurosis of damming-up, like hysteria ; hence their similarity. And since no anxiety at all is contained in what is accumulated, the position is expressed by saying that anxiety has arisen by transformation out of the accumulated sexual tension. 

Freud S.: « Draft E », in Pre-Psycho-Analytic Publications and Unublished Drafts, Standard Edition, Volume I, Hogarth Press, London, 1966, p.191

 

[...] toutes ces indications, nous mènent à supposer que le mécanisme de la névrose d'angoisse est à rechercher dans la dérivation de l'excitation sexuelle somatique à distance du psychisme et dans une utilisation anormale de cette excitation, qui en est la conséquence.

Freud, S. : « Qu'il est justifié de séparer de la neurasthénie un certain complexe symptomatique sous le nom de « névrose d'angoisse » » (1895), Névrose, psychose et perversion, Paris, PUF, 1973, p. 31.

[…] all these indications, I say, incline us to expect that the mechanism of anxiety neurosis is to be looked for in a deflection of somatic sexual excitation from the psychical sphere, and in a consequent abnormal employment of that excitation. 

Freud S.: « On the ground for detaching a particular syndrome from neurathenia under the description ‘anxiety neurosis’ », Early Psycho-Analytic Publications, Standard Edition, Volume III, Hogarth Press, London, 1966, p.108

 

J’ai donc décidé de considérer séparément les facteurs déterminant la libido et ceux qui provoquent l’angoisse.

Freud S. : « Lettre N°75 » (1897), La naissance de la psychanalyse, PUF, Paris, 1986, p. 207.

I have decided, then, henceforth to regard as separate factors what causes libido and what causes anxiety.

Freud S. :  Letter 75 November 14, 1897, Standard Edition, Volume 1, p. 271      

 

La première réponse qui vient à l’esprit est que ce cas [du petit Hans] n’a rien de si énigmatique. L’incompréhensible angoisse du cheval est le symptôme, l’incapacité d’aller dans la rue est un phénomène d’inhibition, une limitation que le moi s’impose pour ne pas éveiller le symptôme d’angoisse.

Freud, S. : « Inhibition, symptôme et angoisse » (1926), Paris, PUF, 1975, p. 19. 

At a first glance, one is tempted to reply that the case [Little Hans] is not so very obscure. Little Hans’s unaccountable fear of horses was the symptom and his inability to go out into the streets was an inhibition, a restriction which his ego had imposed on itself, so as not to arouse the anxiety-symptom. 

Freud S.: “Inhibitions, symptoms and anxiety”, Standard Ed., Volume XX, London, The Hogarth Press, 1959, p. 101.

Étant donné que l’excitation sexuelle est l’expression de motions pulsionnelles libidinales, il ne semblait pas téméraire d’admettre que la libido se transforme en angoisse sous l’influence de telles perturbations.

Freud, S. : « Inhibition, symptôme et angoisse » (1926), Paris, PUF, 1975, p. 29.

Since sexual excitations was an expression of libidinal instinctual impulses, it did not seem to rash to assume that the libido was turned into anxiety through the agency of these disturbances.

Freud S.: “Inhibitions, symptoms and anxiety”, Standard Ed., Volume XX, London, The Hogarth Press, 1959, p. 110.

[...] je m’en tiens fermement à l’idée que l’angoisse de mort doit être conçue comme un analogon de l’angoisse de castration et que la situation à laquelle le moi réagit est l’abandon par le surmoi protecteur - par les puissances du destin -, abandon qui le laisse sans défense devant tous les dangers.

Freud, S. : « Inhibition, symptôme et angoisse » (1926), Paris, PUF, 1975, p. 53.

[...] I am therefore inclined to adhere to the view that the fear of death should be regarded as analogous to the fear of castration, and that the situation to which the ego is reacting is one of being abandoned by the protecting super-ego - the power of destiny - so that it has no longer any safeguard against all the dangers that surround it.

Freud S.: “Inhibitions, symptoms and anxiety”, Standard Ed., Volume XX, London, The Hogarth Press, 1959, p. 130.

 

Si jusqu'à présent nous la considérions [l’angoisse] comme un affect-signal du danger, elle nous apparaît maintenant, du fait qu'il s'agit si souvent du danger de castration, comme la réaction à une perte, à une séparation. […] La première expérience d’angoisse, au moins chez l’être humain, est la naissance et celle-ci signifie objectivement la séparation de la mère et pourrait être comparée à une castration de la mère (selon l’équation enfant=pénis).

Freud, S. : « Inhibition, symptôme et angoisse » (1926), Paris, PUF, 1975, p. 54.

We have hitherto regarded it [anxiety] as an effective signal of danger; but now, since the danger is so often one of castration, it appears to us as a reaction to a loss, a separation.[…] The first experience of anxiety which an individual goes through (in the case of human beings, at all events) is birth, and, objectively, speaking, birth is a separation from the mother. It could be compared to castration of the mother (by equating the child with a penis).

Freud S.: “Inhibitions, symptoms and anxiety”, Standard Ed., Volume XX, London, The Hogarth Press, 1959, p. 130.

 

L’angoisse névrotique est une angoisse devant un danger que nous ne connaissons pas. Il nous faut d’abord rechercher quelle est la nature du danger névrotique. L’analyse nous a appris que c’est un danger pulsionnel. [...] L’analyse montre qu’au danger réel connu est lié un danger pulsionnel non reconnu.

Freud S. : « Complément relatif à l’angoisse », Inhibition, symptôme et angoisse, Paris, PUF, 1975, p. 94-95.


Neurotic anxiety is anxiety about an unknown danger full point neurotic danger. Neurotic danger is thus a danger that I still to be discovered. And that is has shown that it is an instinctual danger. […]  analysis shows that to the known real danger, an unknown instinctual one is attached.

Freud S.: Supplementary remarks on anxiety, Addenda, “Inhibitions, symptoms and anxiety”, Standard Ed,, Volume XX, London, The Hogarth Press, 1959, p. 165-166.

 

[…] à l'origine la conscience (ou plus exactement l'angoisse qui deviendra plus tard la conscience) est en fait la cause du renoncement à la pulsion, mais ultérieurement la relation se renverse. Tout renoncement pulsionnel devient alors une source d'énergie pour la conscience, puis tout nouveau renoncement intensifie à son tour la sévérité et l'intolérance de celle-ci.

Freud S : « Malaise dans la civilisation » (1929), PUF, Paris 1971, p. 86.

[…]  conscience (or more correctly, the anxiety which later becomes conscience) is indeed the cause of instinctual renunciation to begin with, but that later the relationship is reversed. Every renunciation of instinct now becomes a dynamic source of conscience, and every fresh renunciation increases the latter’s severity and intolerance.

Freud S. : « Civilisation and its Discontents », Standard Edition, Volume 21, Ch. 7

 

[…] Le résultat, pour notre surprise, a été le contraire de ce que nous attendions. Ce n'est pas le refoulement qui crée l’angoisse, c’est l'angoisse qui est là la première, c’est l’angoisse qui fait le refoulement ! Mais de quelle angoisse s’agit-il ? Uniquement de l’angoisse devant un danger extérieur menaçant, donc d’une angoisse réelle.

Freud, S. : « Angoisse et vie pulsionnelle » (1933), Conférence 32, Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, Paris, Gallimard, Folio, Paris 1984, p. 118.

[…] the surprising result was the opposite of what we expected. It is not the repression that created the anxiety. The anxiety was there earlier. It was the exact way that made the repression.

Freud S.: « Anxiety and instinctual life », New Introductory Lectures on Psychoanalysis and Other Works.

 

[…] à chaque âge du développement est attribuée, comme lui étant adéquate, une condition d’angoisse déterminée et donc, une situation de danger particulière. Le danger de l’état d’impuissance à s’aider soi-même [Hilflosigkeit] concorde avec le stade d’immaturité du moi en son premier âge, le danger de la perte d'objet (perte d'amour) s’accorde au manque d'indépendance des premières années  d’enfance, ledanger de  castration à la phase phallique, enfin, l’angoisse devant le surmoi, qui occupe une placeparticulière, à la période de latence.

Freud, S. : « Angoisse et vie pulsionnelle » (1933), Conférence 32, Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, Paris,Gallimard, Folio 1984, p. 120

[…] we can say that in fact a particular determinant of anxiety (that is, situation of danger) is allotted to every page of development as being appropriate to it. The danger of psychical helplessness fits the stage of the ego early immaturity. The danger of loss of an object (or loss of love) fits the lack of self -sufficiency in the first years of childhood. The danger of being castrated fits the phallic phase. And finally fear of the super ego, which assumes a special position, fits the period of latency.

Freud S.: « Anxiety and instinctual life », New Introductory Lectures on Psychoanalysis and Other Works.

  

 [...] ce qui est redouté, l'objet de l'angoisse, est, à chaque fois, l'apparition d'un facteur traumatique qui ne peut être liquidé selon la norme du principe de plaisir.

Freud, S. : « Angoisse et vie pulsionnelle » (1933), Conférence 32, Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, Paris,Gallimard, Folio 1984, p. 127.

[…] what is feared, what is the object of the anxiety, is invariably the emergence of a traumatic moment, which cannot be dealt with the normal rules of the pleasure principle.

Freud S.: « Anxiety and instinctual life », New Introductory Lectures on Psychoanalysis and Other Works.

 

 

J. LACAN

L’angoisse, qu’est-elle ? Nous avons écarté que ce soit une émotion. Et pour l’introduire, je dirai : c’est un affect.

Lacan J. : Le Séminaire, Livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 23.

What is anxiety? We've ruled out the idea that it might be an emotion. To introduce it, I will say that it's an affect.

Lacan J.: The Seminar of Jacques Lacan, Book X, Anxiety, transl. A.R. Price, UK & USA, Polity, 2019, p. 14.

 

Cet objet (a) dont nous n'avons fait qu'amorcer les caractéristiques constituantes et que nous amenons ici à l'ordre du jour, c'est lui dont il s'agit, partout où Freud parle de l'objet à propos de l’angoisse.

Lacan J. : Le Séminaire, Livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 51  

This object a, whose constituent characteristics we've merely touched on and which today we're putting on the agenda, is what is in question whenever Freud speaks about the object in connection with anxiety.

Lacan J.: The Seminar of Jacques Lacan, Book X, Anxiety, transl. A.R. Price, UK & USA, Polity, 2019, p. 40.

 

[…] si tout d’un coup vient à manquer toute norme, c’est à dire ce qui fait l’anomalie comme ce qui fait le manque, si tout d’un coup ça ne manque pas, c’est à ce moment-là que commence l’angoisse.

Lacan J. : Le Séminaire, Livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 53 

But should all the norms, that is, that which makes for anomaly just as much as that which makes for lack, happen all of a sudden not to be lacking, that's when the anxiety starts.

Lacan J.: The Seminar of Jacques Lacan, Book X, Anxiety, transl. A.R. Price, UK & USA, Polity, 2019, p. 42.

 

L'horrible, le louche, l’inquiétant, tout ce par quoi nous traduisons, comme nous pouvons, en français, le magistral unheimlich de l’allemand, se présente par des lucarnes. C’est encadré que se situe le champ de l’angoisse. […] « Soudain », « Tout d'un coup » : toujours ce terme vous le trouverez, au moment de l'entrée du phénomène de l’unheimlich. […] C’est ce surgissement de l'heimlich dans le cadre, qui est le phénomène de l'angoisse, et c'est pourquoi il est faux de dire que l'angoisse est sans objet.

Lacan J. : Le Séminaire, Livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 90-91.

[T]he dreadful, the shady, the disturbing, everything by which we translate, as best we can in French, the magisterial German Unheimliche, presents itself through little windows. The field of anxiety is situated as something framed. [...] Suddenly, all at once, you'll always find this term the moment the phenomenon of the Unheimliche enters.

Lacan J.: The Seminar of Jacques Lacan, Book X, Anxiety, transl. A.R. Price, UK & USA, Polity, 2019, pp. 74-75.

The phenomenon of anxiety is the sudden appearance of the Heimliche within the frame, and this is why it's wrong to say that anxiety is without object.

Lacan J.: The Seminar of Jacques Lacan, Book X, Anxiety, transl. A.R. Price, UK & USA, Polity, 2019, p. 76.

Le doute, ce qu’il dépense d'efforts, n’est fait que pour combattre l’angoisse, et justement par des leurres. C’est qu'il s'agit d’éviter ce qui, dans l'angoisse, se tient d'affreuse certitude.

Lacan J. : Le Séminaire, Livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 92. 

The effort that doubt expends is exerted merely to combat anxiety, and precisely through lures, to the extent that what it strives to avoid is what holds firm in anxiety with dreadful certainty.

Lacan J.: The Seminar of Jacques Lacan, Book X, Anxiety, transl. A.R. Price, UK & USA, Polity, 2019, p. 77.

L’angoisse, nous a appris Freud, joue par rapport à quelque chose la fonction de signal. Je dis que c'est un signal en relation avec ce qui se passe concernant la relation du sujet avec l’objet a dans toute sa généralité.

Lacan J. : Le Séminaire, Livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 102.

Anxiety, Freud taught us, plays the role of a signal function in relation to something. I say that it's a signal in relation to what occurs in connection with the subject's relation to the object a in all its generality.

Lacan J.: The Seminar of Jacques Lacan, Book X, Anxiety, transl. A.R. Price, UK & USA, Polity, 2019, p. 86.

Cette place, en tant que cernée par quelque chose qui est matérialisé dans l’image, un bord, une ouverture, une béance, où la constitution de l'image spéculaire montre sa limite, c'est là le lieu élu de l’angoisse.

Lacan J. : Le Séminaire, Livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 128.

This place, inasmuch as it is circumscribed by something that is materialized in the image, a rim, an opening, a gap, where the constitution of the specular image shows its limit, is the elective locus of anxiety.

Lacan J.: The Seminar of Jacques Lacan, Book X, Anxiety, transl. A.R. Price, UK & USA, Polity, 2019, p. 108.

Les pulsions sont nos mythes, a dit Freud. Il ne faut pas l’entendre comme un renvoi à l’irréel. C’est le réel qu’elles mythifient, à l’ordinaire des mythes : ici qui fait le désir en y reproduisant la relation du sujet à l’objet perdu.

Lacan J. : « Du Trieb de Freud », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 853

The drives are our myths, said Freud. This must not be understood as a reference to the unreal. For it is the real the drives mythify, as myths usually do: here it is the real which creates desire by reproducing in it the relationship between the subject and the lost object.

Lacan J.: "On Freud's Trieb", translated by B. Fink, Écrits, The First Complete Edition in English, Norton, New York/London, pp. 723-724.

 

Nous pouvons déjà dire que cet etwas devant quoi l'angoisse opère comme signal, est de l’ordre de l'irréductible du réel. C’est en ce sens que j'ai osé devant vous formuler que l’angoisse, de tous les signaux est celui qui ne trompe pas.

Lacan J. : Le Séminaire, Livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 188.

We can already say that this etwas, faced with which anxiety operates as a signal, belongs to the realm of the real's irreducibility. It is in this sense that I dared to formulate for you that anxiety, of all signals, is the one that does not deceive.

Lacan J.: The Seminar of Jacques Lacan, Book X, Anxiety, transl. A.R. Price, UK & USA, Polity, 2019, p. 160.

 

C’est parce que le phallus ne réalise pas, si ce n'est dans son évanescence, la rencontre des désirs, qu'il devient le lieu commun de l’angoisse. […] Le phallus, là où il est attendu comme sexuel, n'apparaît jamais que comme manque, et c'est ça, son lien avec l’angoisse.

Lacan J. : Le Séminaire, Livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 307 et 311.

It's because the phallus doesn't achieve any matching of the desires, save in its evanescence, that it becomes the common place of anxiety.

Lacan J.: The Seminar of Jacques Lacan, Book X, Anxiety, transl. A.R. Price, UK & USA, Polity, 2019, p. 265.

The phallus, where it is expected as something sexual, only ever appears as a lack, and this is its link with anxiety.

Lacan J.: The Seminar of Jacques Lacan, Book X, Anxiety, transl. A.R. Price, UK & USA, Polity, 2019, p. 269.

 

Là où ça devient drôle c’est seulement quand les savants eux-mêmes sont saisis, non pas de la science-fiction, bien sûr, mais ils sont saisis d’une angoisse.

Ça c’est instructif. C’est bien le symptôme-type de tout avènement du réel.

Lacan J. : « La Troisième », Paris, Navarin éditeur, 2021, p. 23.

It only becomes funny when scientists themselves become gripped, not by science fiction of course, but by anxiety. This is instructive. It’s really the typical symptom of all forms of emergence of the real.

Lacan J.: « The Third, The Lacanian Review, Issue 7, 2019, p. 93.

 

Dans l’angoisse [...] le sujet est affecté par le désir de l’Autre [...]. Il en est affecté d’une façon immédiate, non dialectisable. C’est en cela que l’angoisse est, dans l’affect du sujet, ce qui ne trompe pas. Vous voyez se dessiner dans ce ce qui ne trompe pas à quel niveau radical, plus radical que tout ce qui a été dérivé dans le discours de Freud, s’inscrit la fonction de signal de l’angoisse. [...] Ce repérage se conforme aux premières formulations que Freud a données de l’angoisse, transformation directe de la libido et autres.

[...] l’angoisse – elle n’est pas sans objet. [...] L’objet a est ce qui est chu du sujet dans l’angoisse. C’est le même objet que je dessinais comme la cause du désir.

Lacan J. : « Introduction aux Noms-du-Père », Des Noms-du-Père, Paris, Seuil, 2005, p. 70-71.

In anxiety [...] the subject is affected by the desire of the Other. He is affected by it in a nondialectizable manner, and it is for that reason that anxiety, within the affectivity of the subject, is what does not deceive. In that what does not deceive you can see in outline at just how radical a level- more radical than anything hitherto designated thereby in Freud's discourse-its function as a signal is inscribed. That characterization is in conformity with the first formulations Freud gave concerning anxiety as a direct transformation of the libido.

[...] anxiety - it is not without an object [...]The object petit a is what falls from the subject in anxiety. It is precisely the same object that I delineated as the cause of desire.

 Lacan J.: “Introduction to the Names of the Father Seminar” in Television, A Challenge to the Psychoanalytic Establishment, Norton, 1990, p. 82.

 

Dans l'angoisse, l'objet petit a choit. Cette chute est primitive ; la diversité des formes que prend cet objet de la chute est dans une certaine relation au mode sous lequel s'appréhende pour le sujet le désir de l’Autre.

Lacan J. : « Introduction aux Noms-du-Père », Des Noms-du-Père, Paris, Seuil, 2005, p.78

The a, the object, falls. That fall is primal. The diversity of forms taken by that object of the fall ought to be related to the manner in which the desire of the Other is apprehended by the subject.

Lacan J.: Introduction to the Names of the Father Seminar in Television, A Challenge to the Psychoanalytic Establishment, Norton, 1990, p. 85.

 

Quel est l'objet de la pulsion orale ? C'est ce que nous appelons d'habitude le sein de la mère. Où est, à ce niveau, ce que j'ai appelé tout à l'heure le point d'angoisse ? Il est justement au-delà de cette sphère qui réunit l'enfant et la mamme. Le point d'angoisse est au niveau de la mère. Chez enfant, l'angoisse du manque de la mère, c'est l'angoisse du tarissement du sein. Le lieu du point d'angoisse ne se confond pas avec le lieu où s'établit la relation à l'objet du désir.

Lacan, J. : Le Séminaire, Livre X, L'angoisse, Seuil, 2004, p. 270. 

What is the object of the oral drive? It is what we habitually call the mother's breast. At this level, where does what I earlier called the anxiety-point lie? It lies precisely beyond the sphere that unites the child and the mamma. The anxiety-point lies at the level of the mother. In the child, the anxiety of the mother's lack is the anxiety of the breast drying up. The locus of the anxiety-point does not merge with the locus at which the relation to the object of desire is established.

Lacan J.: The Seminar of Jacques Lacan, Book X, Anxiety, transl. A.R. Price, UK & USA, Polity, 2019, p. 234.

 

J.-A. MILLER

[…] Lacan situe l’angoisse entre jouissance et désir et montre une certaine conjonction de l’anxiogène et de l’érogène, spécialement sous les espèces des affinités des connections entre l’orgasme et l’angoisse.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 59 p. 85.

[...] Lacan situates anxiety between jouissance and desire and shows a certain connection of the anxiogenic and the erogenous, especially concerning the affinities of the connections between orgasm and anxiety.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 27, Spring, 2006 p. 34.

 

Il faut que le sujet détache un organe, mais pas un organe transformé en signifiant, un organe jouissance. Lacan l’appellera, dans la suite de son enseignement, un condensateur de jouissance, un plus- de-jouir, c’est-à-dire ce qui, de la jouissance, ne se laisse pas tamponner par l’homéostase, par le principe du plaisir.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 58 p. 99.

The subject must detach an organ, but not an organ transformed into a signifier, an organ of jouissance. Lacan will call it, in the rest of his teaching, a condenser of jouissance, a plus-de-jouir, that is to say, that which, of jouissance, does not allow itself to be stamped by homeostasis, by the pleasure principle.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 26, Fall 2005, p. 63. (Translation modified)

 

La pulsion, c'est un des noms freudiens de la jouissance, et c'est un nom qui ignore le père, même s'il est, comme le père, un mythe. La pulsion, à la différence du père, ne connaît pas la perte. C'est pourquoi la pulsion est comme un nom plus juste de la jouissance comme réelle, un nom plus juste que l'objet a. L'objet a de Lacan nomme la jouissance mais via la perte, via la castration, alors que la pulsion, telle que Freud l'invente, semble ignorer la perte. La perte n'a pas de prise sur la pulsion.  

Miller J.-A. : « De la nature des semblants » (1991-1992), enseignement prononcé dans le Cadre du Département de Psychanalyse de Paris VIII, inédit

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C’est ce que Freud avait découvert sous les espèces de la castration. Il avait découvert qu’avec le langage s’introduisait une perte de jouissance qui se trouvait répercutée pour lui comme faute, comme culpabilité.

[…] Il faut lire le chapitre X d’Inhibition, symptôme, angoisse, le chapitre ultime où Freud essaie de cerner ce qu’il appelle la « cause ultime de la névrose » entre guillemets et où il dit qu’elle se situe au niveau du ça, où opère le Wiederholungszwang, l’automatisme de répétition dans lequel est prise la pulsion.

Miller J.-A. : « L’Un tout seul » (2011), enseignement prononcé dans le Cadre du Département de Psychanalyse de Paris VIII, inédit.

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Qu’y a-t-il en deçà du désir ? La réponse est ici donnée, répétée, martelée […] : en deçà du désir, il y a la jouissance et il y a l’angoisse.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 59 p. 68. 

What is there on the side of desire? The response is given, repeated, hammered here [...] on the side of desire there is jouissance and there is anxiety.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 27, Spring, 2006 p. 9.

 

Bien sûr, l’angoisse est ce qui ne trompe pas, mais ce qui ne trompe pas, c’est ce qui ne se laisse pas signifiantiser, ce qui ne se laisse pas prendre dans l’Aufhebung. C’est le reste réel. Ce reste réel, c’est la jouissance pour autant qu’elle ne se laisse pas capturer par le signifiant […]

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N°58, p. 99.

Of course, anxiety is what does not deceive, but what does not deceive is what does not allow itself to be signified, what does not partake of Aufhebung. This is the real remainder. This real remainder is jouissance in so far as it does not allow itself to be captured by the signifier [...].

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 26, Fall 2005, p. 63. (Translation modified)

 

L’angoisse lacanienne est une angoisse productrice […] L’idée du Séminaire n’est pas que l’angoisse est directement la cause, mais qu’elle la produit. […] l’angoisse comme l’opérateur qui permet à das Ding de prendre forme d’objet petit a […] Elle serait l’opérateur qui, de l’exigence pulsionnelle, ferait l’objet cause du désir.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 59 p. 76 et 78.

Lacanian anxiety is a productive anxiety. […] The idea of the Seminar is not that anxiety is directly the cause, but that it produces the cause. […] anxiety as the operator which allows das Ding to take the form of object petit a […] It is the operator which, from the demand of the drive, constructs the object-cause of desire.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 27, Spring, 2006 p. 21 & 24.

 

[L’angoisse] C’est l’affect par excellence, l’affect unique en tant qu’il connote la production de l’objet a, c’est-à-dire l’effet majeur du langage sur la jouissance.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 59, p. 102.

[Anxiety] is the affect par excellence, the unique affect inasmuch as it connotes the production of the object a, that is to say, the major effect of language on jouissance.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 27, Spring, 2006 p. 61. (Translation modified)

 

L’angoisse est la voie […] qui permet d’accéder à ce qui est antérieur au désir et à son objet. Qu’est-ce qui est antérieur à l’objet du désir ? […] Ce qui est antérieur à l’objet du désir, c’est l’objet comme réel, et dont le paradigme est le sein, l’objet oral.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N°58, p. 95.

Anguish is the path [...] that allows access to what is anterior to desire and its object. What is anterior to the object of desire? [...] What is prior to the object of desire is the object as real, and whose paradigm is the breast, the oral object.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 26, Fall 2005, p. 58. (Translation modified)

 

La liste freudienne des objets, bien sûr qu’elle est renouvelée dans le Séminaire de L’angoisse, parce qu’elle était limitée et ordonnée par la castration et la référence au développement. […]  la liste lacanienne se règle sur les zones érogènes, et spécialement sur les orifices du corps. C’est ce qui permet à Lacan d’ajouter, à l’oral et à l’anal, le scopique et le vocal.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N°58, p. 100.

The Freudian list of objects is reformulated in the Seminar on Anxiety, because it was limited and ordered by castration and the reference to development. [...] the Lacanian list is regulated by the erogenous zones, and especially by the orifices of the body. This is what allows Lacan to add the scopic and the vocal to the oral and the anal.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 26, Fall 2005, p. 65. (Translation modified)

 

Freud dit que l’angoisse est liée à la perte de l’objet, alors que Lacan dit qu’elle surgit quand le manque vient à manquer c’est-à-dire quand il y a objet et quand il y a trop d’objets.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 59, p. 79.

Freud says that anxiety is linked to the loss of the object, while Lacan says that it emerges when the lack begins to lack, that is to say, when the object is there and when there are too many objects.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 27, Spring, 2006 p. 26.

 

C’est, pour Freud, une perturbation économique, un trop-plein – der Überschuss de libido inutilisée qui est le noyau du danger auquel répond l’angoisse. Dans les termes de Freud, c’est le rapport de la jouissance à l’angoisse qui est mis en symphonie par Lacan et, derrière l’angoisse, la pulsion en tant qu’elle veut se satisfaire, en tant que volonté de jouissance insistant sans trêve. Quand cette insistance pulsionnelle entre en contradiction avec le principe du plaisir, il y a ce déplaisir que l’on appelle angoisse. C’est pourquoi Lacan peut dire […] que « l’angoisse est signal du réel » et index de la chose, das Ding […]

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 59, p. 77

For Freud, it is an economic perturbation, a surplus - der Überschuss - of unused libido that is the core of the danger to which anxiety responds. In Freudian terms, it is the relation of jouissance to anxiety that is harmonized by Lacan and, behind anxiety, the drive insofar as it wants to be satisfied, as the will to unremitting jouissance without cease. When this insistence of the drive is in contradiction with the pleasure principle, there is the displeasure that one call anxiety. This is why Lacan can say [...] that "anxiety is a signal of the real" and an index of the thing, das Ding [...]

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 27, Spring, 2006 p. 22. (Translation modified)

 

L’angoisse est une voie qui vise le réel, en utilisant, pour ce faire, autre chose que le signifiant.  

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N°58, p. 77.   

Anxiety is a path that aims at the real, while using it in order to make something other than the signifier.  

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 26, Fall 2005, p. 31. (Translation modified)

 

La fonction essentielle de l’angoisse n’est pas sa liaison au désir, mais sa liaison au réel. Le terme est dans Freud : Etwas Reales.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N°58, p. 99.

The essential function of anxiety is not its liaison to desire, but its liaison to the real. The term is in Freud: Etwas Reales.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 26, Fall 2005, p. 64.

 

Dans l'Annexe B sur l'angoisse […] Freud reconnaît que l’exigence pulsionnelle est un danger "en tant que tel" dans la névrose. Dans la névrose, l’exigence pulsionnelle constitue un danger qui, bien qu'il soit totalement disproportionné, démesuré, n'est pas un semblant. Dans la « Conférence XXXII », Freud se demande s'il s'agit d'un fantasme ou non, et conclut finalement qu'il s'agit d’une réalité. Dans ce sens, le danger de l'exigence pulsionnelle est aussi etwas reales, c'est quelque chose de réel. Donnons à ce terme sa valeur lacanienne. Il y a un réel en jeu dans le processus de la perte, et c'est l'objet a comme objet de la pulsion.

Miller, J.-A. : « El tiempo y el síntoma », Introducción a la clínica lacaniana. Conferencias en España, Barcelona, ELP-RBA, 2006, p. 526. (Traduction Thomas Van Rumst).

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C’est aussi cette connexion de l’angoisse avec le réel de la jouissance que Lacan accentue comme certitude de l’angoisse et qui contraste avec le caractère douteux du signifiant – le signifiant n’est jamais sûr.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 59, p. 77.

It is also this connection of anxiety with the real of jouissance that Lacan stresses as the certitude of anxiety and which contrasts with the doubtful character of the signifier - the signifier is never certain.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 27, Spring, 2006 p. 22. (Translation modified)

 

L’objet anxiogène n’apparaît pas n’importe où, il apparaît à la place où l’objet petit a est normalement soustrait, extrait, pour permettre la normalité du champ visuel.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 59, p. 95.

The anxiogenic object does not appear just anywhere, it appears in the place where the object petit a is normally subtracted, extracted, in order to allow for the normality of the visual field.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 27, Spring, 2006 p. 50.

 

D’où l’angoisse du côté homme est liée non pas à la menace paternelle, mais bien à un « ne pas pouvoir », c’est-à-dire à son rapport à un instrument qui défaille, au moins qui n’est pas toujours disponible. D’où l’interrogation répétitive de Lacan concernant le dit de Kierkegaard selon lequel l’angoisse affecte plus volontiers la femme. C’est une question que Lacan se pose et se repose plusieurs fois, parce que ce qu’il démontre c’est qu’au niveau de la jouissance, elle est moins sujette à l’angoisse.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N°58, p. 86.

Hence anxiety on the male side is linked not to the paternal threat, but to a 'not being able', i.e. to its relationship to an instrument which fails, or at least which is not always available. Hence Lacan's repeated questioning of Kierkegaard's statement that anxiety affects women more readily. This is a question that Lacan poses again and again, because what he shows is that at the level of jouissance, she is less subject to anxiety.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 26, Fall 2005, p. 44. (Translation modified)

 

C’est là qu’il fait appel […] au mythe de Tirésias qui énonce explicitement la supériorité féminine au niveau de la jouissance mais, de ce fait […] elle est plus directement affectée au désir de l’Autre. « Plus directement » veut dire qu’elle ne passe pas par moins phi, qu’elle n’est pas protégée par l’objet concernant le désir de l’Autre, alors que l’homme interpose un objet.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N°58, p. 86.

This is where he appeals [...] to the myth of Tiresias which explicitly claims feminine superiority at the level of jouissance but, as a result [...] she is more directly affected by the desire of the Other. "More directly' means that she does not pass through minus phi, that she is not protected by the object concerning the desire of the Other, whereas the man interposes an object.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 26, Fall 2005, p. 44. (Translation modified) .

 

C’est sur la scène que le masochiste fait semblant, pour le coup, de l’objet petit a, qu’il s’exhibe comme déchet, et qu’il affiche, qu’il s’évertue à assurer la jouissance de l’Autre. Lacan indique qu’il essaie tout au contraire, sous la barre, de produire l’angoisse de l’Autre. Tandis que, inversement, le sadique sur la scène se montre se tuant à produire l’angoisse de l’Autre, alors qu’il vise en fait à obtenir la jouissance de l’Autre, et même à trouver dans l’Autre le petit a, le plus intime de sa jouissance […]

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 59 p. 97.

It is on the stage that the masochist at that point makes a semblant of the objet petit a, which he exhibits as waste, and which he flaunts in an effort to ensure the jouissance of the Other. Lacan indicates that the masochist is trying, under the bar, to produce the anxiety of the Other. Whereas, conversely, the sadist on the stage shows himself killing himself to produce the anxiety of the Other, while he is trying in fact to obtain the jouissance of the Other, and even to find in the Other the small a, the most intimate of his jouissance [...].

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 27, Spring, 2006 pp. 52-53. (Translation modified)

 

E. LAURENT

[…] Il n’y a pas de jouissance ultime qui puisse nous soulager définitivement de notre angoisse ; tel est l’impossible auquel est confronté le discours de la jouissance.

Laurent E. : «  Un nouvel amour pour le père », La cause freudienne N°64, p.86.

“There is no ultimate jouissance that could definitively relieve us of our anxiety; such is the impossibility that confronts the discourse on jouissance.”

Laurent, É. A new love for the father. Columbia University (New York: 2006): p. 75.

 

III-Objet a au zénith et angoisse : Fonction et destin des gadgets, du monde à l’immonde

Daniel Roy : « […] un nouveau « sort » est venu s’ajouter à cette même place aux autres destins freudiens de la pulsion, avec l’arrivée dans notre monde d’objets « plus-de-jouir en toc » (Argument du congrès).

 

III - Object a at the zenith and anxiety: Function and destiny of gadgets, from the world to w(a)ste

 

Daniel Roy: "[...] a new "fate" has been added alongside the other Freudian vicissitudes of the drive, with the arrival in our world of objects of "imitation surplus jouissance" (Congress argument)

 

S. FREUD

Grâce à tous ses instruments, l'homme perfectionne ses organes - moteurs aussi bien que sensoriels -, ou bien élargit considérablement les limites de leur pouvoir.

Freud, S. : « Malaise dans la civilisation », PUF, Paris 1971, p.38.

With every tool man is perfecting his own organs, whether motor or sensory, or is removing the limits to their functioning.

Freud S. : Civilisation and its Discontents, Standard Edition, Volume 21, Ch. 3.

 

L'homme est devenu pour ainsi dire une sorte de « dieu prothétique », dieu certes admirable s'il revêt tous ses organes auxiliaires, mais ceux-ci n'ont pas poussé avec lui et lui donnent souvent bien du mal.

Freud, S. : « Malaise dans la civilisation », PUF, Paris 1971, p.39.

Man has, as it were, become a kind of prosthetic God. When he puts on all his auxiliary organs he is truly magnificent; but those organs have not grown on to him and they fall give him much trouble at times.

Freud S. : Civilisation and its Discontents, Standard Edition, Volume 21, Ch. 3

 

J. LACAN

La société des consommateurs prend son sens de ceci, qu’à ce qui en fait l’élément entre guillemets qu’on qualifie d’humain, est donné l’équivalent homogène de n’importe quel plus-de-jouir qui est le produit de notre industrie, un plus-de-jouir en toc pour tout dire.

Lacan J. :  Le Séminaire, Livre XVII, L’envers de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1991, p. 93.


"Consumer society" derives its meaning from the fact that what makes it the "element", in inverted commas, described as human is made the homogenous equivalent of whatever surplus jouissance is produced by our industry - an imitation surplus jouissance in a word.

Lacan, J.: The Seminar, Book XVII, The Other Side of Psychoanalysis, translated by R. Grigg, Norton, New York/London, 2007, p. 81.

 

Les gadgets gagneront-ils à la main ? Arriverons-nous à devenir nous- mêmes animés vraiment par les gadgets ? Cela me paraît peu probable, je dois le dire. Nous n’arriverons jamais vraiment à faire que le gadget ne soit pas un symptôme. Il l’est, pour l’instant, tout à fait évidemment.

Lacan J. : « La Troisième », Paris, Navarin éditeur, 2021, p. 47.

Will gadgets, for example, gain the upper hand? Will we ourselves really come to be animated by gadgets? This seems unlikely to me, I have to say. We will not actually succeed in getting to a point where gadgets are not symptoms. They are for now, it is obvious.

Lacan J.: “The Third”, The Lacanian Review, Issue 7, 2019, p. 108.

 

Le réel est devenu d’une présence qu’il n’avait pas avant à cause du fait qu’on s’est mis à fabriquer un tas d’appareils qui nous dominent, comme ça ne s’était jamais produit auparavant. C’est uniquement à cause de cela que nous en sommes poussés à considérer que l’analyse, c’est la seule chose qui puisse nous permettre de survivre au réel.

Lacan J. : Conférence donnée au Centre culturel français de Milan le 30 mars 1974. Parue dans l’ouvrage bilingue : Lacan in Italia 1953-1978. En Italie Lacan, Milan, La Salamandra, 1978, pp. 104-147.

The real has acquired a presence it did not have before because one began the task of producing a heap of devices that dominate us in a way that had never been done before. It is uniquely because of this that we are forced to consider that analysis is the only thing that will permit us to survive the real.

Lacan, J.: (1978), “Alla Scuola Freudiana”, trans. Rik Loose, Conference a Milan, 30/03/1974, in Lacan en Italie 1953-1978, Milano, La Salamandra, p. 106.

 

L’analyste — au moins ai-je essayé de faire qu’il y ait des analystes de cet acabit — est quelqu’un qui réalise — le pire est qu’il faut qu’il le réalise lui-même — que ce dont il s’agit dans l’effet de toute culture, au fond du fond du tourbillon, je veux dire ce qui fait cause — eh bien, c’est un déchet. Tout le monde ne s’en aperçoit pas, mais seul a le droit de s’autoriser d’être vraiment un analyste celui qui s’en est aperçu. Être un déchet est ce à quoi aspire sans le savoir quiconque est un être parlant.

Lacan J. : « Le phénomène lacanien » (1974), Section clinique de Nice, 2011, p. 10.

Analysts—at least I’ve tried to make it so that there would be analysts worthy of the name—are those who realize—and the worst thing is that he has to realize it himself—that what’s involved in the effect of any culture, in the depths of the vortex, I mean as that which causes, is, well, waste. Not everyone realizes it, but the only one who truly has the right to authorize himself as an analyst is one who does know it. To be waste is what anyone who is a speaking being aspires to without knowing it.  

Lacan J.: “Nice - The Lacanian Phenomenon”, The Lacanian Review, Issue 9, 2020, p. 19.

 

Ils [les gadgets] ont ceci de particulier de porter la marque de l’être qui les a fabriqués – il n’est rien qui n’aille plus vite au déchet que lesdits gadgets. Ces gadgets-  la télévision, l’automobile, les appareils – chacun sait où ça va. Ça finit dans une décharge où on les démantibule. C’est tout à fait comparable au sort d’un être humain. 

Lacan J. : « Le phénomène lacanien » (1974), Section clinique de Nice, 2011, p. 14.

They [gadgets] have the peculiarity of bearing the mark of the being that manufactured them—there is nothing that turns into waste faster than these gadgets. These gadgets—televisions, cars, devices [appareils]—everyone knows where they go. They end up in a dump, where they are dismantled. That’s completely comparable to the fate of a human being.

Lacan J.: “Nice - The Lacanian Phenomenon”, The Lacanian Review, Issue 9, 2020, p. 21

 

Bientôt tout le monde le sera [lacanien] [...] Y suffirait la montée au zénith social de l’objet dit par moi petit a, par l’effet d’angoisse que provoque l’évidement dont le produit notre discours, de manquer à sa production.

Lacan J. : « Radiophonie », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 414.

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La civilisation [...] c’est l’égout.

Lacan J., « Lituraterre », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 11

Civilisation is a sewer.

Lacan, J.: "Lituraterre", translated by A. R. Price, Hurly Burly, 9, 2013, p. 30.

 

L’homme se caractérise dans la nature par l’extraordinaire embarras que lui donne [...] l’évacuation de la merde.

« Mon enseignement, sa nature et ses fins », Mon enseignement, Paris, Seuil, 2005, p. 83.

Man is naturally characterized by the extraordinary embarrassment he feels about (...) the evacuation of shit.

Lacan, J.: “My Teaching”, trans. D. Macey, Verso, 2008, p. 64.

 

[...] Une grande civilisation est d’abord une civilisation qui a une voirie.  [...] pour ce qui est de l’équation grande civilisation = tubes et égouts, c’est sans exception. [...] La Ville commence par là, Cloaca maxima. [...] la prodigieuse analogie qu’il y a entre la voirie et la culture.

« Mon enseignement, sa nature et ses fins », Mon enseignement, Paris, Seuil, 2005, p. 83-85.


[...] A great civilization is first and foremost a civilization that has a waste-disposal system. (...) But when it comes to the equation great civilization = pipes and sewers, there are no exceptions. (...) [I]f we gave this phenomenon what we might call its fundamental import, we would find the prodigious analogy that exists between sewage and culture.

Lacan, J.: “My Teaching”, trans. D. Macey, Verso, 2008, p. 65-66.

 

J.-A. MILLER

[…] on constate, en effet, en ce début du vingt et unième siècle, que les conquêtes de la science s’accompagnent de la montée au zénith social de la valeur de jouissance, du droit de jouir, du droit à jouir, précisément parce que les conquêtes de la science comportent en elles-mêmes une duperie qui rend d’autant plus insistant l’appel à un réel, au réel de la jouissance, qui n’est pas du semblant.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 59, p. 78.

[...] one notes, in fact, at the beginning of the twenty-first century, that the conquests of science are accompanied by the rise to the social zenith of the value of jouissance, of the right to jouissance, of the right to enjoy, precisely because the conquests of science comprise in themselves a deception that renders even more insistent the call to a real, to the real of jouissance, which is not semblant.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 27, Spring, 2006 p. 23. (Translation modified).

 

C’est la démonstration du Séminaire qui à la fois accentue les racines corporelles de l’objet petit a, mais en même temps que les objets artificiels peuvent être les équivalents de ces objets naturels.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 59, p. 101.

This is how the Seminar, which stresses the corporeal roots of the objet petit a, at the same time stresses that artificial objects can be the equivalents of these natural objects.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 27, Spring, 2006 p. 60.

 

Nous avons là un mouvement perpétuel, puisque ce qui est produit est en même temps ce qui va nourrir le cycle. Il y a un recyclage. Dans ce schéma, le recyclage du déchet produit un effet de mouvement perpétuel qui n’est arrêté par aucune barrière, ce qui justifie qu’on l’appelle le circuit du surmoi. Selon Freud, ce mouvement perpétuel s’entretient au cœur de la voie de la civilisation, de ce qu’il appelle, lui, civilisation. C’est par rapport à ce diagnostic, à cette clinique de la civilisation, qu’il dessine la voie de la psychanalyse, qui est la voie de l’association libre, et dont il attend qu’elle desserre la prise du surmoi. La voie de la psychanalyse est faite pour dissoudre ce mécanisme pervers.

Miller J.-A. : « Jouer la partie », La Cause du Désir N°105, p.24.

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À l’ère de la technique, la copulation ne reste plus confinée dans le privé, à nourrir les fantasmes particuliers à chacun, elle est désormais réintégrée dans le champ de la représentation, elle-même passée à une échelle de masse. [...] La scopie corporelle fonctionne dans le porno comme une provocation à une jouissance destinée à s’assouvir sur le mode du plus-de-jouir [...] [Le porno] est symptôme de cet empire de la technique, qui désormais étend son règne sur les civilisations les plus diverses de la planète, même les plus rétives. Il ne s’agit pas de rendre les armes devant ce symptôme et d’autres de même source. Ils exigent de la psychanalyse interprétation.

Miller J.-A. : « L’inconscient et le corps parlant », La Cause du Désir, N° 88, pp. 105-107.

In the technological age, copulation is no longer confined to the private domain, feeding the fantasies of each of us, now it has been integrated into the field of representation and has passed onto to a mass scale. [...] The body-scopy in pornography functions as a nudge towards a jouissance that is designed to be gratified following the pattern of "surplus jouissance" [...] [Porno] is a symptom of the empire of technology that now extends its reign over the most diverse civilizations across the globe, even the most restive ones. We should not surrender our arms faced with this symptom, or others from the same source. They require interpretation from psychoanalysis.

Miller, J.-A.: “The Unconscious and the Speaking Body”, Scilicet, The Speaking Body, NLS Publication, 2015, p. 30.

 

Le réel agricole est céleste, il est ami de la nature. Avec l’industrie, avec ce qu’on appelle la révolution industrielle, tout ça a été balayé petit à petit. Les artifices se sont multipliés et, au moment où nous sommes, nous devons constater que le réel dévore la nature, qu’il se substitue à elle et qu’il prolifère. Voilà une seconde métaphore : la métaphore de la nature par le réel.

Miller J.-A. : « Une fantaisie », Mental n°15, p.10.

The agricultural real is celestial; it is a friend of nature. With industry, with what has been called the industrial revolution, all that was swept away, little by little. The artifices were multiplied. And now we are all forced to note that the real is devouring nature, that the real is being substituted for it and is proliferating. Here we have a second metaphor: the metaphor that substitutes the real for nature.

Miller J.-A.: “A Fantasy”, Psychoanalytic Notebooks, Issue 34, 2019, p. 141-142.

 

Il y a une phrase de Lacan [...] qui m’avait jadis servi de boussole dans mon cours [...] cette phrase qui signale la montée au zénith social de l’objet petit a [...] un astre nouveau s’est levé dans le ciel social [...] c’est ce que Lacan avait noté de l’objet petit a, résultat toujours d’un forçage, d’un passage au-delà des limites, que Freud a découvert, à sa façon, précisément dans un au-delà. Élément intensif qui périme toute notion de mesure, qui va vers le sans mesure, suivant un cycle qui n’est pas le cycle des saisons, mais un cycle de renouvellement accéléré, d’innovation frénétique.

Miller J.-A. : « Une fantaisie », Mental n°15, p.11.

What this phrase of Lacan’s signalled was that a new star had risen in the social sky, in the sociel [...] And this new sociel star, so to speak, is, as Lacan had remarked about objet petit a, always the result of a forcing, of a passage beyond limits, which Freud discovered, in his own terms, precisely in a beyond. It is an intensive element that makes any notion of measure obsolete, that goes in the direction of the always more, that goes towards the measureless, following a cycle that is not the cycle of the seasons, but a cycle of accelerated renewal, of frenetic innovation. 

Miller J.-A.: “A Fantasy”, Psychoanalytic Notebooks, Issue 34, 2019, p. 143.

 

La dictature du plus-de-jouir dévaste la nature, elle fait éclater le mariage, elle disperse la famille et elle remanie le corps.

Miller J.-A. : « Une fantaisie », Mental n°15, p.19.

The dictatorship of surplus jouissance is devastating nature, it is fragmenting marriage, dispersing the family and remodeling the body.

Miller J.-A.: “A Fantasy”, Psychoanalytic Notebooks, Issue 34, 2019, p. 158

 

E. LAURENT

Ce n’est pas le choc des civilisations, mais le choc des jouissances. Ces jouissances multiples fragmentent le lien social, d’où la tentation de l’appel à un Dieu unifiant.

Laurent E. : « Le racisme 2.0 », Lacan Quotidien N° 371- janvier 2014

This is not culture shock, but the shock of different forms of jouissance. This manifold jouissance splits the social bond apart, hence the temptation of calling upon a unifying God.

Laurent E. : “Racism 2.0” : Translated from the French by A. R. Price- Available on internet : http://ampblog2006.blogspot.com/2014/01/lq-in-english-racism-20-by-eric-laurent.html

 

L’écran de l’ordinateur branché sur internet est tout cela à la fois. La maison, comme substitut du corps maternel, est reliée par cette domotique fondamentale à une image de l’univers. Plus besoin de regarder par la fenêtre, la nature s’est évanouie. Le réel a remplacé la nature, le réel avance. Ce réel est fait d’objets qui n’ont rien de naturel, de façons de faire, de procédures. Le réel avance, comme Nietzsche disait que le désert avance. Si l’écriture était le langage de l’absent, comme le dit Freud, le chat, le courriel, les jeux en ligne, Facebook, WhatsApp et Instagram sont le langage du trop-de-présence de l’Autre de la civilisation Une et numérique »

Laurent E. : « Jouir d’Internet », La Cause du Désir N° 97, p.11-12 

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L’analyse c’est tout ce que peuvent se dire deux corps parlants, deux parlêtres dans une rencontre inédite. Ceci dit, il ne faut pas non plus être technophobe. Lacan ne se contentait pas des lettres manuscrites sur parchemin, il répondait au téléphone et envoyait volontiers des télégrammes pour que ça aille plus vite. L’analyste contemporain peut aussi se servir de Skype quand les circonstances ne permettent pas de faire autrement. Il y a des dits qui portent, même transportés par internet.

Laurent É. « Jouir d’internet », La Cause du Désir, N°. 97, p. 18.

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C’est aussi dans notre monde que s’ajoutent des normes nouvelles d’identification sexuée, des styles de vie alternatifs. Ils ne sont pas soumis au régime de l’interdit mais aux normes de la technologie de la jouissance. Ils s’enracinent dans un réglage consumériste du pousse-au-jouir. C’est aussi bien dans ce monde que se produisent les zones de non-désir et l’immense fatigue du souci de soi.

 Laurent, É : « Nouveau régime du champ psy », La Cause freudienne, N° 57, p.12

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[...] le moment d’angoisse des savants a été celui où il n’y avait plus aucun dieu susceptible de garantir l’activité scientifique produisant un objet capable de détruire toute l’humanité.

Laurent, É : « Le programme de jouissance n’est pas virtuel », La Cause freudienne, N°73, p. 46.

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Devant les espoirs et les crises d’angoisse des savants provoqués par les possibilités de toucher à l’espèce humaine, on peut dire que le numérique a atteint ce que Lacan avait repéré pour la physique et la biologie, la fabrication d’armes de destruction de masse capables de liquider l’espèce. Un des corrélats de cette angoisse est le surgissement de passages à l’acte qui échappent au calcul de la machine, dans le couplage même avec la machine.

Laurent, É. : « La société de la défiance numérique », La Cause du Désir, N°90, p.74

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Le paganisme contemporain recherche la preuve de l’existence de Dieu dans l’overdose comme extase. Le sujet y éprouve la présence de l’Autre. Alors il y croit. Cette over- dose ne s’atteint pas seulement dans les comportements suicidaires ou les toxicomanies aux drogues dures. Le sujet peut se tuer au travail, choisir de pratiquer des sports dangereux, faire des voyages étranges, vouloir être astronaute amateur, présenter une appétence multiforme pour le risque. Il peut aussi choisir le suicide politique, se faire bombe humaine et jouir de sa mort. Dans toute cette bacchanale si particulière à notre époque, nous trouvons les manifestations de la quête d’une présence de l’Autre en nous. L’excès de jouissance est à la recherche non pas d’une intériorité mais d’une rencontre.

Laurent É. :« Passions religieuses du parlêtre », La Cause du Désir, N°93, p.67

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IV - Monde / im-monde

Monde (unité, communauté) / Im-monde (objets a, pièces détachées)

Daniel Roy : « Le mot « im-monde » est celui qui produit l’équivoque, en se confrontant au monde, faisant surgir une double valeur » (Argument du congrès)

 

IV - World / W(a)ste

World (unity, community) / W(a)ste (objects a, spare parts)

Daniel Roy: "The word 'im-monde', filth, is the one that produces the equivoque, by coming up against monde, giving rise to a double value" (Congress argument)

 

 

S. FREUD

[...] à l'origine le Moi inclut tout, plus tard il exclut de lui le monde extérieur. Par conséquent, notre sentiment actuel du Moi n'est rien de plus que le résidu pour ainsi dire rétréci d’un sentiment d'une étendue bien plus vaste, si vaste qu'il embrassait tout, et qui correspondait à une union plus intime du Moi avec son milieu.

Freud, S. : « Malaise dans la civilisation », PUF, Paris 1971, p.10.

[...] originally the ego includes everything, later it separates off an external world from itself. (...) Our present ego-feeling is, therefore, only a shrunken residue of a much more inclusive — indeed, an all-embracing — feeling which corresponded to a more intimate bond between the ego and the world about it.

Freud, S. : « Civilisation and its Discontents », Standard Edition, Volume 21, Ch. 1

 

Toute malpropreté nous semble inconciliable avec l'état civilisé. Nous étendons en outre au corps humain nos exigences de propreté, et nous étonnons d'apprendre que le Roi-Soleil en personne dégageait une mauvaise odeur.

Freud, S. : « Malaise dans la civilisation », PUF, Paris 1971, p.41

Dirtiness of any kind seems to us incompatible with civilization. We extend our demand for cleanliness to the human body too. We are astonished to learn of the objectionable smell which emanated from the Roi Soleil;

Freud S. : « Civilisation and its Discontents », Standard Edition, Volume 21, Ch. 3

 

L'impulsion à être propre procède du besoin impérieux de faire disparaître les excréments devenus désagréables à l'odorat. Nous savons qu'il en est autrement chez les petits enfants, auxquels ils n'inspirent nulle répugnance, mais apparaissent comme précieux en tant que partie d'eux-mêmes détachée de leur corps.

Freud, S. : « Malaise dans la civilisation », PUF, Paris 1971, note 1 p.49

The incitement to cleanliness originates in an urge to get rid of the excreta, which have become disagreeable to the sense perceptions. We know that in the nursery things are different. The excreta arouse no disgust in children. They seem valuable to them as being a part of their own body which has come away from it.

Freud S. : « Civilisation and its Discontents », Standard Edition, Volume 21, Ch. 4,

 

J. LACAN

Vous avez un corps d’où procède votre imaginaire. [...] C’est justement là que se rencontre le phénomène absolument fabuleux, qui se réalise de ceci, que l’homme [...] aime son image comme ce qui lui est le plus prochain, c’est-à-dire son corps. Simplement, son corps, il n’en a strictement aucune idée. Il croit que c’est moi. Chacun croit que c’est soi. C’est un trou. Et puis au dehors, il y a l’image. Et avec cette image, il fait le monde.

Lacan J. : « Le phénomène lacanien » (1974), Section clinique de Nice, 2011, p. 18.

You have a body, from which your imaginary proceeds. [...] That’s precisely where the most fantastic phenomenon is encountered, which is manifested by the fact that man—and here’s where I tried to make my first breakthrough—loves his image as what is nearest to him, that is to say, as his body. Strictly speaking, he doesn’t have the slightest idea of his body. He thinks, that’s me. Everyone thinks it’s himself. It’s a hole. And outside of it, there’s an image. And with this image, he makes the world.

Lacan J.: “Nice - The Lacanian Phenomenon”, The Lacanian Review, Issue 9, 2020, p. 31.

 

Tout ce que nous avons appelé le monde au cours de l’histoire laisse des résidus superposés, qui s’accumulent sans le moindre souci des contradictions. De que la culture nous véhicule comme étant le monde est un empilement, un magasin d’épaves de mondes qui se sont succédé, et qui pour être incompatibles, n’en font pas moins excessivement bon ménage à l’intérieur de tout un chacun. 

Lacan, J., : Le Séminaire, Livre X, L'angoisse (1962-63), Seuil, 2004, p.44

Everything that throughout the course of history we have called the world has left behind superimposed residues that accumulate without the faintest care for contradiction. What culture transports to us in the guise of the world is a stack, a shop crammed full of the flotsam and jetsam of worlds that have followed one after the other, and which, for all their incompatibility, don't get on any the worse with each other within every single one of us.

Lacan J.: The Seminar, Book X, Anxiety, trans. A. Price, Polity, 2016, p.34

 

Il est communément admis que l'angoisse soit sans objet. Ceci, qui est extrait, non pas du discours de Freud, mais d'une partie de ses discours, est proprement ce que je rectifie par mon discours.

Lacan, J., : Le Séminaire, Livre X, L'angoisse, Seuil, 2004, p.105. 

It is generally accepted that anxiety is without an object. This, which is not extracted from Freud's disquisition but a part of his disquisition, is specifically what I have been rectifying through my disquisition.

Lacan J.: The Seminar of Jacques Lacan, Book X, Anxiety, transl. A.R. Price, UK & USA, Polity, 2019, p. 88.

 

La manifestation la plus éclatante de cet objet a, le signal de son intervention, c'est l'angoisse. Ce n'est pas dire que cet objet n'est que l'envers de l'angoisse, mais il n'intervient, il ne fonctionne qu'en corrélation avec l'angoisse.

Lacan, J. :  Le Séminaire, Livre X, L'angoisse, Seuil, 2004, p.102.

The most striking manifestation of this object a, the signal that it is intervening, is anxiety.

Lacan J.: The Seminar of Jacques Lacan, Book X, Anxiety, transl. A.R. Price, UK & USA, Polity, 2019, p. 86.

 

Freud nous dit que l'angoisse est un phénomène de bord, un signal qui se produit à la limite du moi quand celui-ci est menacé par quelque chose qui ne doit pas apparaître. Ceci est le a, le reste, abhorré de l'Autre.

Lacan, J. : Le Séminaire, Livre X, L'angoisse, Seuil, 2004, p.140.

Freud tells us that anxiety is a rim phenomenon, a signal that is produced at the ego’s limit when it is threatened by something that must not appear. This is the a, the remainder, which is abhorred by the Other.

Lacan J.: The Seminar, Book X, Anxiety, trans. A. Price, Polity, 2016, p.119

 

Interrogeons pourquoi l'être parlant dévitalise tellement ce corps que le monde lui en a paru longtemps être l'image. Moyennant quoi le corps est microcosme. Notre science a mis fin à ce rêve, le monde n'est pas un macrocorps.

Lacan J. : « De la psychanalyse dans ses rapports à la réalité » (1967), Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p.357. 

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Quant à l’idée de mettre ce qu’on appelle l’homme dans un rapport avec ce qu’on appelle le monde, elle nécessite que ce monde, nous le considérions comme un objet, et que nous fassions du sujet une fonction de corrélation. Le monde pensé comme ob-jet suppose un sub-jet.

Lacan J. : « Mon d’enseignement, sa nature et ses fins » (1967), seuil, Paris 2005, p. 101.

As for the idea of relating what they call man to what they call the world, that would mean regarding that world as an object and turning the subject into a correlative function. If we think of the world as an ob-jecty we assume the existence of a sub-ject.

Lacan, J.: “ My Teaching”, trans. D. Macey, Verso, 2008, p. 80.

 

La pensée est dysharmonique quant à l'âme. Et le noùs grec est le mythe d'une complaisance de la pensée à l'âme, d'une complaisance qui serait conforme au monde, au monde (Umwelt) dont l'âme est tenue pour responsable, alors qu'il n'est que le fantasme dont se soutient une pensée, « réalité » sans doute, mais à entendre comme grimace du réel. 

Lacan J. : « Télévision » (1973), Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 512. 

Thought is in disharmony with the soul. And the Greek nous is the myth of thought's accommodating itself to the soul, accommodating itself in conformity with the world, the world (Umwelt) for which the soul is held responsible, whereas the world is merely the fantasy through which thought sustains itself - "reality" no doubt, but to be understood as a grimace of the real.

Lacan, J.: "Television", in Television: A Challenge to the Psychoanalytic Establishment, translated by Denis Hollier, Norton, New York/London, 1990, p. 6.

 

Cette rupture qui dissout ce qui faisait forme, phénomène, météore, et dont j'ai dit que la science s'opère à en percer l'aspect, n'est-ce pas aussi que ce soit d'en congédier ce qui de cette rupture ferait jouissance à ce que le monde ou aussi bien l'immonde, y ait pulsion à figurer la vie. 

Lacan J. : « Lituratterre » (1971), Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 17.

This bursting which dissolves what constituted form, phenomenon and meteor, and of which I have said that science operates in cracking their aspect, is it not also the case that it is by dismissing therefrom what from this bursting would constitute jouissance in that le monde, the world, or even l'immonde, filth, has a drive therein to configure life?

Lacan, J.: "Lituraterre", translated by A. R. Price, Hurly Burly, 9, 2013, p. 35.

 

Peut-être l’analyse nous introduira-t-elle à considérer le monde comme ce qu’il est - imaginaire. Cela ne peut se faire qu’à réduire la fonction dite de représentation, à la mettre là où elle est, soit dans le corps.

[...] Le réel n’est pas le monde. Il n’y a aucun espoir d’atteindre le réel par la représentation. 

Lacan J. : « La Troisième » (1974), Miller J.-A., Théorie de lalangue, Paris, Navarin éditeur, 2021, p.17.

Perhaps, analysis will introduce us to the world as it really is: imaginary. This can only be done by reducing the so-called function of representation, by putting it where it is: namely, in the body. 

[...] The real is not the world. There is no hope of reaching the real through representation.

Lacan J.: “The Third”, The Lacanian Review, Issue 7, 2019, p. 89-90.

 

[...] Car il n’y a rien de plus dans le monde qu’un objet a, chiure ou regard, voix ou tétine, qui refend le sujet, et le grime en ce déchet qui, lui, au corps, ex-siste

Lacan J. : « La Troisième », Miller J.-A., Théorie de lalangue, Paris, Navarin éditeur, 2021, p.18

[...] For there is nothing more in the world than an object a, a turd or a gaze, a voice or a tit, which splits the subject and smears him with this waste that ex-sists in relation to the body.

Lacan J.: “The Third”, The Lacanian Review, Issue 7, 2019, p. 90

 

[...] nous ne manquons pas de preuves que le monde, même si l’unité de notre corps nous force à le penser comme univers, ce n’est évidemment pas monde qu’il est, c’est im-monde.

Lacan J. : « La Troisième », Miller J.-A., Théorie de lalangue, Paris, Navarin éditeur, 2021, p. 40.

[...] we are not lacking in proofs that this monde, even if the unity of our body obliges us to think it as universe, is clearly not monde, but immonde, filthy.

Lacan J.: “The Third”, The Lacanian Review, Issue 7, 2019, p. 104.

 

Le Réel, faut concevoir que c'est l'expulsé du sens. C'est l'impossible comme tel. C'est l'aversion du sens. […] L'ek-sistence de l'immonde, à savoir de ce qui n'est pas monde, voilà le Réel tout court ! 

Lacan, J. : Le Séminaire, Livre XXII, RSI, leçon du 15 mars 1975 (inédit).

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[…] pour vous la structure du monde consiste à vous payer de mots. Et que c'est même en quoi le monde est plus futile, je veux dire qui fuit, est plus futile que le Réel, ce Réel que j'essaie de vous suggérer, dans sa dit-mansion, dit (d.i.t), mansion : demeure du dit […]

Lacan, J. : Le Séminaire, Livre XXII, RSI, leçon du 15 mars 1975 (inédit).

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J.-A. MILLER

Le statut éthique de l’objet-visée, c’est l’agalma, alors que, par excellence, l’objet-cause est plutôt de l’ordre de palea. Au grec agalma, la chose précieuse,

Lacan oppose le latin palea, le déchet, et consacre de longs développements à l’objet anal qui reste paradigmatique d’une fonction éminente de l’objet-cause.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 59 p. 71.

The ethical status of the aimed-for object is agalma, whereas, par excellence, the object-cause is rather of the order of palea. To the Greek agalma, the precious thing, Lacan opposes the Latin palea, the waste object, and he devotes long expositions to the anal object which is paradigmatic of an eminent function of the object-cause.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 27, Spring, 2006 p. 13. (Translation modified)

 

Le statut primitif du corps est d’être en pièces détachées, contrairement à l’évidence du visible.

Miller J.-A. : « Pièces détachées », La Cause freudienne, N° 60, p.158.

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[…] la pièce détachée, quand elle ne sert plus à rien est une figure du hors-sens, hors du sens. C’est bien au moment où, comme telle, elle ne sert plus à rien, qu’elle peut alors être asservie et se prêter à mille et un usages, et d’abord à un usage de jouissance pure, si la jouissance est précisément, comme l’évoque Lacan au début du Séminaire Encore, ce qui ne sert à rien.

Miller J.-A. : « Pièces détachées », La Cause freudienne, N° 60, p.157.

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La fonction de la pièce détachée est isolée comme telle dans le Séminaire de L'angoisse. Et comme un module d'objets, caractéristiques de l'expérience moderne. La pièce détachée y vaut comme une approche, une esquisse, de ce que Lacan élucubre comme l’objet petit a. La pièce détachée, ce n'est pas un tout sur un tout. Ce qui la constitue comme telle, c'est qu'elle se réfère à un tout qu'elle n'est pas. Elle est prélevée sur ce tout, sur un tout où elle a sa fonction. D’où la question : qu'est-ce que c'est que la pièce détachée toute seule ? La pièce détachée hors du tout ? Et pire encore, la pièce détachée quand le tout où elle aurait sa fonction n'existe plus ? 

Miller J.-A. : « Pièces détachées », La Cause freudienne, N° 60, p. 156. 

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Et si le Monde, ça vous trouble, disons un autre mot : Mundo, qui donne mundodo. C’est le monde où l’on peut nous dire : couchez-vous, éveillez-vous toujours à la même heure, c’est-à-dire continuez à dormir tout le temps, sous le régime du principe de plaisir, y compris ses troubles.

[…] quand il y a, à différents étages, des mundodos, c’est qu’il y a toujours une machine derrière qui met ça en place, en scène. […] C’est donc une fonction, la machine du mundodo, qui est aussi bien l’axiomatique, le fantasme, et aussi ce que Lacan a appelé discours.

Miller J.-A. : « Pièces détachées », La Cause freudienne, N° 63, p. 139-140.

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La psychanalyse récuse la notion d’un être éternel au profit de l’être discursif, inexorablement lié à la fonction du temps. Vous pouvez vous imaginer qu’il suffit d’être athée pour être à cette mesure, mais il s’agit de tout autre chose- il s’agit d’abandonner la notion de la persistance d’un monde et de l’être parlant comme être dans le monde. Le penser comme être dans le discours interdit de lui transférer les propriétés qu’on attribuait à son être dans le monde. Accéder à cela demande une discipline trapue- c’est penser à rebours de la routine de son petit monde - qui est aussi d’ailleurs le grand. Cela exige de se rompre à ce que comporte, si elle est sérieuse, la pratique de la psychanalyse. 

Miller J.-A. : « Ya d’l’un », La Cause freudienne, N°107, p.29. 

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V-Du malaise au symptôme, via l’angoisse

Daniel Roy : « C’est par la voie de l’angoisse que, pour un sujet, son malaise dans la civilisation […] pourra être lu, par lui, comme symptôme dans sa singularité » (Argument du congrès).

 

V - From discontent to symptom, via anxiety

Daniel Roy: "It is through anxiety that, for a subject, his discontent in civilisation [...] can be read, by him, as a symptom in its singularity" (Congress argument)

 

S. FREUD

Nous avons été amenés à déclarer que l’angoisse apparaîtrait en réaction au danger de la perte de l’objet ; or, nous connaissons déjà une réaction de ce genre à la perte de l’objet : c’est le deuil. Dès lors, la question est celle-ci : quand cette perte conduit-t-elle à l’angoisse, quand conduit-t-elle au deuil ?

Freud S. : « Angoisse, douleur et deuil », Inhibition, symptôme et angoisse, PUF, Paris, 1975, p. 98

The problem before us arises out of the conclusion we have reached that anxiety comes to be a reaction to the danger of a loss of an object. Now we already know one reaction to the loss of an object, and that is mourning. The question therefore is, when does that loss lead to anxiety and when to mourning?

Freud S.: “Inhibitions, Symptoms and Anxiety», Standard Edition, Volume 20, p. 169.

  

On nomme cet état « mauvaise conscience », mais à proprement parler il ne mérite pas ce nom, car à ce stade le sentiment de culpabilité n'est évidemment qu'angoisse devant la perte de l'amour, qu'angoisse « sociale » […] Le Surmoi tourmente le Moi pécheur au moyen des mêmes sensations d'angoisse et guette les occasions de le faire punir par le monde extérieur.

Freud, S. : « Malaise dans la civilisation », PUF, Paris 1971, p 81-82.

This state of mind is called a ‘bad conscience'; but actually it does not deserve this name, for at this stage the sense of guilt is clearly only a fear of loss of love, ‘social’ anxiety. (...) The super-ego torments the sinful ego with the same feeling of anxiety and is on the watch for opportunities of getting it punished by the external world.

 Freud S. : “Civilisation and its Discontents”, Standard Edition, Volume 21, Ch. 7

 

[...] le sentiment de culpabilité n'est au fond rien d'autre qu'une variante topique de l'angoisse, et que dans ses phases ultérieures il est absolument identique à l'angoisse devant le Surmoi. [...] Aussi conçoit-on aisément que le sentiment de culpabilité engendré par la civilisation ne soit pas reconnu comme tel, qu'il reste en grande partie inconscient ou se manifeste comme un malaise, un mécontentement auquel on cherche à attribuer d'autres motifs.

Freud S. : « Malaise dans la civilisation », PUF, Paris 1971, p 94-95.

[...] the sense of guilt is at bottom nothing else but a topographical variety of anxiety; in its later phases it coincides completely with fear of the super-ego. (...) Consequently it is very conceivable that the sense of guilt produced by civilization is not perceived as such either and remains to a large extent unconscious, or appears as a sort of malaise, a dissatisfaction, for which people seek other motivations.

Freud S. : “Civilisation and its Discontents”, Standard Edition, Volume 21, Ch. 8

 

[...] quand une pulsion instinctive succombe au refoulement, ses éléments libidinaux se transforment en symptômes, ses éléments agressifs en sentiment de culpabilité.

Freud S. : « Malaise dans la civilisation », PUF, Paris 1971, p 99.

[...] when an instinctual trend undergoes repression, its libidinal elements are turned into symptoms, and its aggressive components into a sense of guilt.

Freud S. : “Civilisation and its Discontents”, Standard Edition, Volume 21, Ch. 8.

 

Les hommes d'aujourd'hui ont poussé si loin la maîtrise des forces de la nature qu'avec leur aide il leur est devenu facile de s'exterminer mutuellement jusqu'au dernier. Ils le savent bien, et c'est ce qui explique une bonne part de leur agitation présente, de leur malheur et de leur angoisse

Freud S. : « Malaise dans la civilisation », PUF, Paris 1971, p 107.

Men have gained control over the forces of nature to such an extent that with their help they would have no difficulty in exterminating one another to the last man. They know this, and hence comes a large part of their current unrest, their unhappiness and their mood of anxiety.

Freud S. : “Civilisation and its Discontents”, Standard Edition, Volume 21, Ch. 8.

 

[...] notre attention a été attirée sur une relation extrêmement importante entre le développement d’angoisse et la formation du symptôme : à savoir que tous deux se représentent et se relaient mutuellement. [...] Et il semble, en effet, que le développement d’angoisse est antérieur, la formation du symptôme postérieure, comme si les symptômes étaient créés pour éviter l’irruption de l’état d’angoisse.

Freud S. : « Angoisse et vie pulsionnelle » (1932), XXXII° conférence, Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, Gallimard Folio, Paris 1984, p. 114–115.

[...] In the course of these investigations our attention was drawn to a highly significant relation between the generation of anxiety and the formation of symptoms - namely, that these two represent and replace each other. (...) And it seems, indeed, that the generation of anxiety is the earlier and the formation of symptoms the later of the two, as though the symptoms are created in order to avoid the outbreak of the anxiety state.

Freud S.: “New Introductory Lectures”, Lecture XXXII - Anxiety and Instinctual Life, Standard Edition, Vol. 22, p. 83-84.

 

J. LACAN

La gourmandise dont il [Freud] dénote le surmoi est structurale, non pas effet de la civilisation, mais « malaise (symptôme) dans la civilisation ».

Lacan J. : « Télévision », Autres Écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 530.

The greediness by which he [Freud] characterizes the superego is structural, not an effect of civilization, but "discontent" (symptom) in civilization.

Lacan, J., "Television", in Television: A Challenge to the Psychoanalytic Establishment, translated by Denis Hollier, Norton, New York/London, 1990, p. 28.

 

[L’angoisse] c’est bien le symptôme-type de tout avènement du réel.

Lacan J. : « La Troisième », Paris, Navarin, 2021, p. 23

[Anxiety] is really the typical symptom for all forms of emergence of the real.

Lacan J.: “The Third”, The Lacanian Review, Issue 7, 2019, p. 93.

 

J’appelle symptôme ce qui vient du réel. Ça se présente comme un petit poisson dont le bec vorace ne se referme qu’à se mettre du sens sous la dent. Alors, de deux choses l’une. Ou ça le fait proliférer […] ou bien il en crève. […] ce à quoi nous devrions nous efforcer, c’est que le réel du symptôme en crève.

Lacan J. : « La Troisième », Paris, Navarin, 2021, p. 19. *

I call symptom that which comes from the real. It presents itself like a little fish whose voracious beak only closes to sink its teeth into meaning. Which results in one of two things. It either makes it proliferate [...] or it is burst by it [...] what we should strive for would be for the real of the symptom to be burst by it.

Lacan J.: « The Third, The Lacanian Review, Issue 7, 2019, p. 91.

 

Le sens du symptôme dépend de l’avenir du réel, donc […] de la réussite de la psychanalyse. Ce qu’on lui demande, c’est de nous débarrasser et du réel, et du symptôme. Si elle succède, a du succès dans cette demande, on peut s’attendre à tout […] à savoir à un retour de la vraie religion […]

Lacan J. : « La Troisième », Paris, Navarin, 2021, p. 21.  

The meaning of the symptom depends on what becomes of the real, thus [...] on the success of psychoanalysis. What we ask of it is that it relieve us both of the real and of the symptom. Should it succeed, or have some success in fulfilling this demand [...] anything could happen, namely, a return to true religion [...]

Lacan J.: « The Third, The Lacanian Review, Issue 7, 2019, pp. 91-92.

 

[…] le réel pourrait bien prendre le mors aux dents, surtout depuis qu’il a l’appui du discours scientifique.

Lacan J. : « La Troisième », Paris, Navarin, 2021, p. 23.  

[…] The real could well take the bit between its teeth and bolt, above all since it has the support of the scientific discourse.

Lacan J.: « The Third, The Lacanian Review, Issue 7, 2019, p. 93.

 

 

J.-A. MILLER

Les symptômes sont symptômes du non-rapport sexuel, […] ne sont pas essentiellement des messages […] Les symptômes sont nécessaires, ils ne cessent pas de s'écrire […]  Ils sont réels, à tel point qu'ils peuvent parfaitement se confondre avec le réel qui marche. C'est ça le paradoxe.

Miller J.-A. : « Une fantaisie », Mental n°15, p. 25.  

First, symptoms are symptoms of the sexual non-rapport. [...] Symptoms are not essentially messages. [...] On the other hand, symptoms are necessary. They do not cease to be written [...] This means that they can very easily be confused with the real that works. There lies the paradox.

Miller J.-A.: “A Fantasy”, Psychoanalytic Notebooks, Issue 34, 2019, pp. 168-169.

 

Les symptômes son symptômes-jouissance, si je puis dire. Ils expriment que la jouissance n'est pas à la place où, pensait-on, elle devrait être […]  Ça n'est jamais la bonne jouissance, celle qu'il faudrait.

Miller J.-A. : « Une fantaisie », Mental n°15, p. 26.  

Symptoms are jouissance-symptoms, so to speak. What they express is that jouissance is not at the place where we thought it should be [...] We never have the right jouissance, the one that there should be.

Miller J.-A.: “A Fantasy”, Psychoanalytic Notebooks, Issue 34, 2019, p. 170.

 

 

VI-Phobies :  sociale, scolaire…

Daniel Roy : « L’angoisse surgit dans le moment et dans le lieu où notre corps se trouve affecté de se produire dans le réel comme corps organisé et de s’y maintenir dans sa forme, […] » (Argument du congrès).

 

VI - Phobias: Social, academic…

Daniel Roy: "Anxiety arises in the moment and in the place where our body finds it has to produce itself in the real as an organised body and maintain itself in its form, [...]" (Congress argument)

 

S. FREUD

[…] l’affect d’angoisse de la phobie, qui constitue son essence, n’est pas issu du processus de refoulement, ni des investissements libidinaux des motions refoulées, mais du refoulant lui-même ; l’angoisse de la phobie d’animal est l’angoisse de castration non transformée, donc une angoisse de réel (Realangst), angoisse devant un danger effectivement menaçant ou jugé réel. Ici c’est l’angoisse qui fait le refoulement et non pas, comme je l’ai estimé jadis, le refoulement qui fait l’angoisse.

Freud S. : « Inhibition, symptôme et angoisse » (1926), PUF, Paris 1975, p.27.

[…] the affect of anxiety, which was the essence of the phobia, came, not from the libidinal cathexes of the repressed impulses, but from the repressing agency itself. The anxiety belonging to the animal phobias was an untransformed fear of castration. It was therefore a realistic fear ( Realangst), a fear of a danger which was actually impending, or was judged to be a real one. It was anxiety which produced repression, and not, as I formerly believed, repression, which produced anxiety.

Freud S.: “Inhibitions, symptoms and anxiety”, Standard Ed., Volume XX, London, The Hogarth Press, 1959, p. 108-109.

 

L’agoraphobe impose une limitation à son moi pour échapper à un danger de pulsion. Le danger de pulsion est la tentation de céder à ses désirs érotiques, par quoi l’agoraphobe ferait surgir de nouveau, comme dans son enfance, le danger de la castration ou un danger analogue à celle-ci.

Freud S. : « Inhibition, symptôme et angoisse » (1926), PUF, Paris 1975, p.50.

The agoraphobic patient imposes a restriction on his ego, so as to escape a certain instinctual danger- namely, the danger of giving way to his erotic desires. For if he did so the danger of being castrated, or some similar danger, would once more be conjured up as it was in his childhood.

Freud S.: “Inhibitions, symptoms and anxiety”, Standard Ed.,10, 24., p. 127.

 

Lorsque ces phobies infantiles se fixent, se renforcent et se maintiennent jusque dans un âge avancé, l’analyse montre que leur contenu s’est trouvé associé à certaines revendications pulsionnelles, qu’il est venu à représenter aussi des dangers intérieurs.

Freud S. : « Inhibition, symptôme et angoisse » (1926), Paris, PUF, 1953, p. 98.

If childhood phobias become fixated and grow stronger and persist into later years, analysis shows that their content has become associated with instinctual demands, and has come to stand for internal dangers as well.

Freud S.: “Inhibitions, symptoms and anxiety”, Standard Ed., Volume XX, London, The Hogarth Press, 1959, p. 168.

 

Dans les phobies, on peut très nettement reconnaître comment ce danger interne [la peur de sa propre libido] est transposé en un danger externe, comment, donc, une angoisse névrotique est métamorphosée en une angoisse apparemment réelle.

Freud S. : « Angoisse et vie pulsionnelle » (1932), XXXII° conférence, Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, Gallimard Folio, Paris 1984, p.115.

In phobias it is very easy to observe the way in which this internal danger is transformed into an external one - that is to say, how a neurotic anxiety is changed into an apparently realistic one.

Freud S.: “New Introductory Lectures”, Lecture XXXII - Anxiety and Instinctual Life, Standard Edition, Vol. 22, p. 84. 

 

J. LACAN

Il n 'est pas vrai que ce soit au niveau de la phobie qu’apparaisse l’animal [le bélier] comme métaphore du père. La phobie n'est que le retour de quelque chose d’antérieur, c'est ce que disait Freud en se référant au totem.

Lacan J. : « Introduction aux Noms-du-Père », Des Noms-du-Père, Paris, Seuil, 2005, p. 99.  

It is not true that [the ram] figures as a metaphor of the father at the level of phobia. Phobia is no more than its return, which is what Freud said referring to the totem.

 Lacan J.: “Introduction to the Names of the Father Seminar” in Television, A Challenge to the Psychoanalytic Establishment, Norton, 1990, p. 94.

 

Qu’on me normalise ou pas mes objets, tant que je désire, je ne sais rien de ce que je désire. Et puis de temps en temps, un objet apparaît, parmi tous les autres, dont je ne sais vraiment pas pourquoi il est là. D’un côté, il y a celui dont j’ai appris qu’il couvre mon angoisse, l’objet de la phobie […] De l’autre côté, il y a celui dont je ne peux vraiment justifier pourquoi c’est celui-là que je désire - et moi, qui ne déteste pas les filles, pourquoi j’aime encore mieux les petites chaussures. D’un côté il y a le loup, de l’autre la bergère.

Lacan, J. : Le séminaire, livre X, L’angoisse, Seuil, Paris 2004, p. 98. 

Whether or not one normalizes my objects, so long as I desire, I know nothing of what I desire. And then, from time to time, an object appears amongst the others, and I really don't know why it's there. On one hand, there's the one from which I've learned that it covers over my anxiety, the object of my phobia [...] On the other hand, there's the one for which I really can't find any justification as to why this is the one I desire - and why, not being one who detests girls, I'm even fonder of a little shoe. On one side there's the wolf, on the other the shepherdess.

Lacan J.: The Seminar of Jacques Lacan, Book X, Anxiety, transl. A.R. Price, UK & USA, Polity, 2019, p. 82.

 

J.-A. MILLER

Le petit Hans, avec sa phobie, dans la conception de Lacan – qui s’appuie sur Freud et sur les dits de Hans –, c’est la phobie qui désangoisse, parce qu’elle accomplirait une restructuration signifiante du monde. […]L’angoisse n’a pas d’objet, mais la phobie, elle, délivre un certain nombre d’objets […] qui dessinent des limites, des seuils, un intérieur et un extérieur.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 58 p. 73-74.

With Little Hans and his phobia, in Lacan's conception - which is based on Freud and on what Hans says - it is the phobia which removes anguish, because it accomplishes a signifying restructuring of the world. [...] Anxiety has no object, but phobia provides a certain number of objects [...] which draw limits, thresholds, an interior and an exterior.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 26, Fall 2005, p. 25. (Translation modified)

 

Dans le Séminaire de L’angoisse, ce n’est pas la construction de la phobie qui intéresse Lacan, ce n’est pas le désangoissement par la phobie, mais la reprise de cette tâche, de ce résidu tout à fait singulier, qui est aussi un flou – pour en faire un objet, pour en faire l’objet petit a.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 58 p. 74.

In the Seminar on Anxiety, it is not the construction of the phobia that interests Lacan, it is not the removal of anxiety by the phobia, but the reprise of this stain, of this quite singular residue, which is also a blur - to make an object out of it, to make the object petit a of it.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 26, Fall 2005, p. 26. (Translation modified)

 

Ce qui est sans doute encore plus inquiétant est que l’on nous proposera sans doute bientôt un médicament pour porter remède aux troubles de l’attachement et du lien social fondé sur les effets de l’ocytocine. Des phobies sociales aux comportement anti-sociaux, un vaste domaine de prescription est sans doute visé. Cela permettrait sans doute de prendre le relais des anti-dépresseurs mis en mauvaise posture récemment par l’interdiction de prescription aux mineurs.

Miller J.-A. : « Pièces détachées » (2004-05), inédit. Cours du 9/03/2005, p.110.  

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E. LAURENT

Que le géant anglo-américain GlaxoSmithKline ait dépensé en l’an 2000 plus de quatre-vingt-douze millions de dollars pour une campagne de publicité destinée à diagnostiquer la phobie sociale, ça n’est pas non plus de la fiction. La campagne était intitulée : « Imaginez que vous êtes allergique aux autres.

Laurent É. : « Le sujet de la science et la distinction féminine », La Cause du Désir, N° 84, p. 31.

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Le matériel phobique, c’est la mise en forme de cette angoisse, objet de substitution. On pourrait dire qu’il s’agit d’un objet du monde, le cheval par exemple. Mais ce peut être autre chose que le cheval puisqu’après tout, à trois ans, Hans avait repéré que les chiens et les chevaux ont un « fait pipi ». Il aurait pu développer une phobie des chiens. Ce sera le cheval pour des raisons de surdétermination. Il se trouve que ça tombe sur le cheval.

Laurent É. : « Le petit Hans et son « fait-pipi » », La Cause freudienne, N° 64, p. 31.

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L’interdit protège de la jouissance qui angoisse. C’est pourquoi, dans son « Discours aux Catholiques », il aborde Totem et Tabou à partir de l’angoisse et de la phobie : « La réflexion de Totem et Tabou tourne autour de la fonction de l’objet phobique, et c’est elle qui le met sur la voie de la fonction du Père.

Laurent É. : « Blog-notes : psychopathie de l’évaluation », La Cause freudienne, N° 62, p. 69.

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VII-Sortir de l’angoisse : de l’angoisse au symptôme, de la jouissance au désir

Daniel Roy : « la voie de l’angoisse est aussi bien la voie du désir […] » (Argument du congrès).

 

VII - Getting out of anxiety: from anxiety to the symptom, from jouissance to desire

Daniel Roy: "the path of anxiety is also the path of desire [...]" (Argument of the congress).

 

S. FREUD

Chez la femme, une angoisse directe devant la fonction sexuelle est fréquente; nous la rangeons dans l’hystérie, tout comme le symptôme de défense qu’est le dégoût, qui, à l’origine, s’installe en tant que réaction après coup à l’acte sexuel vécu d’une manière passive, et plus tard survient  à l’occasion de la représentation de cet acte. Un grand nombre d’actions compulsives aussi se révèlent des précautions et des garanties prises contre une expérience sexuelle et sont donc de nature phobique.

Freud S. : « Inhibition, symptôme et angoisse », PUF, Paris 1975, p.2

Many women are openly afraid of the sexual function. We class these anxiety under hysteria, just as we do the defensive symptom of disgust, which, arising originally as a deferred reaction to the experiencing of a passive sexual act, appears later whenever the idea of such an act is presented. Furthermore.m, many obsessional acts turn out to be measures of precaution and security against sexual experiences and are thus of a phobic character.

Freud S.: “Inhibitions, symptoms and anxiety”, Standard Ed, Volume XX, London, The Hogarth Press, 1959, p. 88.

 

La sublimation des instincts constitue l'un des traits les plus saillants du développement culturel ; c'est elle qui permet aux activités psychiques élevées, scientifiques, artistiques ou idéologiques, de jouer un rôle si important dans la vie des êtres civilisés.

Freud S. : « Malaise dans la civilisation », PUF, Paris 1971, p.47.

Sublimation of instinct is an especially conspicuous feature of cultural development; it is what makes it possible for higher psychical activities, scientific, artistic or ideological, to play such an important part in civilized life. If one were to yield to a first impression, one would say that sublimation is a vicissitude which has been forced upon the instincts entirely by civilization.

Freud S. : « Civilisation and its Discontents », Standard Edition, Volume 21, Ch. 3

 

L’angoisse devant le surmoi ne doit normalement pas trouver de terme, étant donné que, comme angoisse moral, elle est indispensable dans les relations sociales […]

Freud S. : « Angoisse et vie pulsionnelle » (1932), XXXII° conférence, Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, Gallimard Folio, Paris 1984, p. 121.

Fear of the super-ego should normally never cease, since, in the form of moral anxiety, it is indispensable in social relations, and only in the rarest cases can an individual become independent of human society.

Freud S. : “New Introductory Lectures”, Lecture XXXII - Anxiety and Instinctual Life, Standard Edition, Vol. 22, p. 88.

 

J. LACAN

Il a fallu que Freud découvrît d’abord l’inconscient pour qu’il vînt à ordonner sur cette voie le catalogue descriptif de ces désirs, autrement dit : le sort des pulsions – comme je traduis Trieb-schicksale.

Lacan J. : « Dissolution », Aux confins du Séminaire, Paris, Navarin, p. 65.

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J’ai dit, de l'angoisse en tant que terme intermédiaire entre la jouissance et le désir, en tant que c'est, franchie l'angoisse, fondé sur le temps de l'angoisse, que le désir se constitue.

Lacan J. : Le Séminaire, Livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 205. 

Anxiety is thus an intermediary term between jouissance and desire in so far as desire is constituted and founded upon the anxiety phase, once anxiety has been got through.

Lacan J.: The Seminar, Book X, Anxiety, trans. A. Price, Polity, 2016, p. 175.

 

Il convient assurément que l'analyste soit celui, si peu que ce soit, par quelque biais, par quelque bord, ait assez faire rentrer son désir dans ce a irréductible pour offrir à la question du concept de l’angoisse une garantie réelle.

J. Lacan : Le Séminaire, Livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 389. 

The analyst certainly ought to be the one who, however, little, from some angle, from some line of approach, has merged his desire back into this irreducible a sufficiently to offer the question of the concept of anxiety a real guarantee.

Lacan J.: The Seminar of Jacques Lacan, Book X, Anxiety, transl. A.R. Price, UK & USA, Polity, 2019, p. 338.

 

[…] cet objet insensé que j’ai spécifié du a. C’est ce qui s’attrape au coincement du symbolique, de l’imaginaire et du réel comme nœud. C’est à l’attraper juste que vous pouvez répondre à ce qui est votre fonction - l’offrir comme cause de son désir à votre analysant. C’est ce qu’il s’agit d’obtenir.

Lacan J. : « La Troisième », Paris, Navarin, 2021, p. 14.  

[...] this nonsensical object that I have designated as a. This is what gets caught, wedged between the symbolic, the imaginary and the real, as a knot. It's by catching hold of it in the right way that you can answer for what your function is - to offer it to your analysand as cause of their desire.

Lacan J.: « The Third, The Lacanian Review, Issue 7, 2019, pp. 87-88.

 

C’est dans le symbolique, en tant que c’est lalangue qui le supporte, que le savoir inscrit de lalangue, qui constitue à proprement parler l’inconscient, s’élabore, gagne sur le symptôme.

Lacan J. : « La Troisième », Paris, Navarin, 2021, p. 43.

It is in the symbolic, in so far as it is supported by lalangue, that the knowledge inscribed in lalangue – which constitutes the unconscious properly speaking – is elaborated and gains ground on the symptom.

Lacan J.: “The Third”, The Lacanian Review, Issue 7, 2019, p. 106.

 

La structure du rapport de l’angoisse au désir, la double béance du sujet à l’objet chu de lui, ou, au-delà de l’angoisse, il doit trouver son instrument, la fonction initiale de cet objet perdu sur lequel insiste Freud, là est la faille qui ne nous permet pas de traiter du désir dans l’immanence logicienne de la seule violence comme dimension à forcer les impasses de la logique.

Lacan J. : « Introduction aux Noms-du-Père », Des Noms-du-Père, Paris, Seuil, 2005, p.75.

The structure of the relation of anxiety to desire, the double breach of the subject in relation to the object fallen from itself, where, beyond anxiety, it must find its instrument, the initial function of that lost object- there is the fault which does not allow us to treat desire within the logically oriented immanence of violence alone, as the dimension forcing the impasses of logic.

Lacan J.: “Introduction to the Names of the Father Seminar” in Television, A Challenge to the Psychoanalytic Establishment, Norton, 1990, p. 82.

 

J.-A. MILLER

Il faut que le sujet détache un organe, mais pas un organe transformé en signifiant, un organe jouissance. Lacan l’appellera, dans la suite de son enseignement, un condensateur de jouissance, un plus- de-jouir, c’est-à-dire ce qui, de la jouissance, ne se laisse pas tamponner par l’homéostase, par le principe du plaisir.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 58 p. 99.

The subject must detach an organ, but not an organ transformed into a signifier, an organ of jouissance. Lacan will call it, in the rest of his teaching, a condenser of jouissance, a plus de jouir, that is to say, that which, of jouissance, does not allow itself to be stamped by homeostasis, by the pleasure principle.

"Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 26, Fall 2005, p. 63. (Translation modified)

 

[…] « Seul l’amour permet à la jouissance de condescendre au désir » [Lacan, Le séminaire Livre X, L’angoisse, p.209]. […] L’amour est ici le voile de l’angoisse et de ce que l’angoisse produit, à savoir l’objet qui cause le désir.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 58, p. 96

[...] "Only love allows jouissance to condescend to desire" [Lacan, The Seminar Book X, Anxiety, p.179]. [...] Love is here the veil of anxiety and of what anxiety produces, namely the object that causes desire.

"Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 26, Fall 2005, p. 60. (Translation modified)

 

Ce qui est amusant, dans le Séminaire de L’angoisse, c’est d’y introduire l’amour entre jouissance et désir, de l’introduire comme médiateur. L’amour est ici médiateur parce qu’il déplace ou falsifie petita, en le faisant passer dans l’objet-visée, en le faisant agalma, alors que l’angoisse n’est pas médiatrice, dit Lacan, mais médiane entre jouissance et désir. Si je voulais paraphraser l’aphorisme de Lacan, je dirais que seule l’angoisse transforme la jouissance en objet cause du désir.

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 59, p. 76.

What is amusing in the Seminar on Anxiety is to introduce love between jouissance and desire, to introduce it as a mediator. Love is a mediator here because it displaces or falsifies petit a, by making it pass into the aimed-for object, by making it agalma, whereas anxiety is not a mediator, says Lacan, but rather midway between jouissance and desire. If I wanted to paraphrase Lacan's aphorism, I would say that only anxiety transforms jouissance into the object cause of desire.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 27, Spring, 2006 p. 21. (Translation modified)

 

Ce que Lacan vise comme la Chose, c’est la jouissance idéalisée, nettoyée, vidée, réduite au manque, réduite à la castration, réduite à l’absence du rapport sexuel. Quand la jouissance est élevée à la dignité de la chose, c’est-à-dire quand elle n’est pas abaissée à l’indignité du déchet, elle est sublimée, c’est à dire socialisée.

Miller J.-A. : « Le salut par les déchets », Mental n°24, p. 10.

The Thing aimed at by Lacan is the idealized jouissance, cleaned, emptied, reduced to lack, to castration, to the absence of sexual relation. When jouissance is raised to the dignity of the Thing, when it is not lowered to the indignity of waste, it is sublimated, that is, socialized.

Miller, J.-A.; "Salvation Through Waste, translated by F. Baitinger and A. Stavrianakis, The Lacanian Review, Issue 14, Forthcoming.

 

[...] La découverte freudienne fut [...], d’abord, celle de ces déchets de la vie psychique, de ces déchets du mental, que sont le rêve, le lapsus, l’acte manqué et, au-delà, le symptôme. La découverte aussi, qu’à les prendre au sérieux, et d’abord, à y faire attention, le sujet a des chances de faire son salut.

[...] il a suffi que paraissent la psychanalyse et sa promesse de salut par les déchets pour que l’on s’aperçoive que, jusqu’alors, on n’avait jamais cherché le salut que par les idéaux.

Tout se passe, comme si l’humanité [...] ait été placée devant ce choix : ou le salut par les idéaux ou le salut par les déchets.

Miller J.-A. : « Le salut par les déchets », Mental n°24, p. 9.  *

[…] The Freudian discovery which was first of all, as we know, that of these wastes materials of psychic life, of these scraps of the mind that are the dream, slips of the tongue, parapraxia, and, beyond that, the symptom. The discovery was also that by paying attention to them and then taking them seriously, the subject has a chance at salvation.

Miller, J.-A.; "Salvation Through Waste, translated by F. Baitinger and A. Stavrianakis, The Lacanian Review, Issue 14, Forthcoming.

 

Le déchet [...] c’est ce qui tombe, ce qui choit, quand par ailleurs on s’élève. [...]

L’essence de l’art, c’est d’esthétiser le déchet, de l’idéaliser, ou, comme on dit en psychanalyse, de le sublimer.

Miller J.-A. : « Le salut par les déchets », Mental n°24, p. 10.  

Waste [...] is what falls, what falls off, when in other respects one rises up. [...] The essence of art is to aestheticize waste, to idealize it or, as we say in psychoanalysis, to sublimate it.

Miller, J.-A.; "Salvation Through Waste, translated by F. Baitinger and A. Stavrianakis, The Lacanian Review, Issue 14, Forthcoming.

 

La réalisation subjective [...] passe par la production d’objets qui sont, dit Lacan, de la même série que petit a [...] cette réalisation passe par les œuvres, les actes et le surmontement de l’angoisse qu’il suppose, c’est-à-dire qu’elle passe par le passage au-dessus de la barre. 

Miller J.-A. : « Introduction à la lecture du séminaire L’angoisse de Jacques Lacan », La Cause freudienne N° 59, p. 102.

The subjective realization [...] passes through the production of objects which are, Lacan says, in the same series as petit a [...] this realization passes through works, acts and the surmounting of anxiety that it implies; that is to say that it passes through the passage under the bar.

Miller J.-A.: "Introduction to the Reading of Jacques Lacan's Seminar on Anxiety", translated by B. P. Faulks, Lacanian Ink, 27, Spring, 2006 p. 60.

 

Ce qui les sauve [les psychanalystes] [...] c’est d’avoir réussi à faire de leur position de déchet, le principe d’un nouveau discours.

Miller J.-A. : « Le salut par les déchets », Mental n°24, p. 13.  

What saves [psychoanalysts] all the same is to have succeeded in turning their position of waste into the principle of a new discourse.

Miller, J.-A.; "Salvation Through Waste, translated by F. Baitinger and A. Stavrianakis, The Lacanian Review, Issue 14, Forthcoming.

 

Parce qu’il interdit le fantasme, le discours du maître croit à la santé mentale. Cet idéal est interdit à l’analyste qui offre une voie inédite, plus précaire, et pourtant plus sûre : le salut par les déchets.

Miller J.-A. : « Le salut par les déchets », Mental n°24, avril 2010, p. 15. *

Because it forbids fantasy, the master's discourse believes in mental health. This ideal is forbidden to the analyst who offers an unprecedented way, more precarious and yet more secure: salvation through waste.

Miller, J.-A.; "Salvation Through Waste, translated by F. Baitinger and A. Stavrianakis, The Lacanian Review, Issue 14, Forthcoming.

 

La pratique lacanienne opère dans la dimension du ratage [...] C’est comme ça que je comprends que Lacan nous ait pris par la main, finalement, pour nous rassurer sur ceci, qu’il n’y a que différentes façons de rater, dont certaines satisfont plus que d’autres.

Miller J.-A. : « Une fantaisie », Mental N°15, p. 20.

Lacanian practice operates in the dimension of a failing [...] That is how I understand the fact that Lacan took us by the hand, finally, in order to reassure us that there is nothing but different ways to fail, some more satisfying than others.

Miller J.-A.: “A Fantasy”, Psychoanalytic Notebooks, Issue 34, 2019, p. 159.

 

La psychanalyse a été inventée pour répondre à un malaise dans la civilisation, un malaise […] de sujet plongé dans une civilisation que l’on pourrait ainsi énoncer : pour faire exister le rapport sexuel, il faut réfréner, inhiber, refouler la jouissance.

Miller J.-A. : « Une fantaisie », Mental n°15, p.19. 

Psychoanalysis was invented to respond to a discontent in civilisation, a subjective discontent, we might say, that of a subject plunged into a civilisation that could be stated like this: in order to give existence to the sexual relation, jouissance must be restrained, inhibited, repressed.

Miller J.-A.: « A Fantasy », Psychoanalytic Notebooks, Issue 34, 2019, p. 157.

E. LAURENT

La psychanalyse procède en remettant en série les chaînes de discours qui ont été court-circuitées, le trou dans le langage qui s’est produit. Elle fait vibrer au bord du trou les équivoques de la langue. Cela donne un degré de liberté plus grand pour desserrer le programme de jouissance stricte, afin d’en donner une pluralité de lecture plus grande […]

Laurent É., « Lecture du symptôme », L’a-graphe, 2011-2012, Rennes p. 14.

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La postmodernité est en rupture avec le régime de l’apaisement de l’angoisse par le signifiant-maître, avec la régulation de la jouissance par la castration. Le modèle freudien était celui d’un lien social fondé sur ce qu’il noue amour du père et castration. C’est ce qui est rendu obsolète, par ce que Lacan appelle la « montée au zénith de la civilisation », d’une jouissance qui, en son fond, est non négativable.

Laurent E. : «  La société de la défiance numérique », La cause freudienne N° 90, p.71.`

 

The circuit is thus established between anxiety and the call to the master that follows, but without offering any appeasement. Postmodernity breaks with the system in which anxiety can be appeased by a master signifier, and thus with the regulation of jouissance by castration.

Laurent, É. The Society of Digital Distrust. The Lacanian Review (01). p. 113.